Nous avons le plaisir de recevoir M. David Lidington, ministre des affaires européennes du Royaume-Uni, pour une audition fermée à la presse. Il est accompagné de Mme Jennifer McNaughtan, chef de cabinet, et de Sir Peter Ricketts, ambassadeur du Royaume-Uni en France.
À quelques mois des élections générales qui se tiendront le 7 mai 2015, l'issue du scrutin est très ouverte. Il m'a semblé opportun de vous demander, monsieur le ministre, de nous présenter l'état du débat au Royaume-Uni, singulièrement sur les relations de votre pays avec l'Union européenne. Le Premier ministre, M. David Cameron a depuis longtemps promis un référendum sur le maintien dans l'Union en 2017. Il a évoqué la possibilité de le tenir dès 2016 en cas de victoire de son parti aux élections, ce que les analystes considèrent comme une tentative de contenir la tentation du vote en faveur de l'UKIP, parti eurosceptique favorable au retrait de l'Union, désormais représenté par deux députés à la Chambre des Communes.
L'euroscepticisme progresse dans l'opinion publique européenne, et la revue des compétences a démontré la complexité d'une renégociation. Un sujet cristallise les critiques : l'immigration européenne. Or, les restrictions à l'immigration européenne visant à réduire le montant des allocations versées sont contraires aux traités. Je suis de celles et ceux qui souhaitent le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne – c'est l'intérêt de tous –, mais à la condition qu'il n'y ait pas de retour sur les acquis fondamentaux, et la liberté de circulation au sein de l'Union européenne en est un.
Des efforts sont faits pour amener le Royaume-Uni à rester membre de l'Union en dépit des réticences exprimées par votre pays – ainsi de la nomination d'un commissaire britannique au marché intérieur – et l'influence britannique, y compris dans les coopérations auxquelles le Royaume-Uni ne participe pas, comme l'union bancaire, est très forte. Considérez-vous que l'idée d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union progresse ? Certaines voix le demandent en France, mais certainement pas au sein de la majorité de notre commission.
Je souhaite vous entendre expliciter les priorités de votre pays et des partis politiques sur les dossiers européens. Nous nous rejoignons sur la nécessité de renforcer les investissements, notamment dans les secteurs d'avenir, dont le numérique. Nous entretenons une excellente coopération en matière de lutte contre le terrorisme, de renseignement et de cyber-sécurité. Même s'il peut y avoir des différences, nous avons des approches très voisines sur les grands dossiers de politique étrangère, qu'il s'agisse de la Russie ou du Proche et Moyen-Orient. Votre analyse de l'évolution de la crise en Ukraine nous intéresse particulièrement, des voix importantes s'étant prononcées au Royaume-Uni en faveur de l'armement des combattants ukrainiens ; à titre personnel, je considère que ce serait une folie qui nous entraînerait dans une escalade très dommageable. Nous souhaitons aussi connaître la position du Royaume-Uni dans la négociation du Traité transatlantique, ainsi qu'à l'égard de la Grèce, certains financiers britanniques se disant favorables à l'effacement d'une partie de sa dette ; nous penchons plutôt vers le rééchelonnement d'une dette désormais principalement détenue par le public.