Il est trop tôt pour savoir quel sera le surcoût de l'opération Sentinelle. Il sera financé avec un raisonnement un peu analogue à celui prévalant pour le surcoût des OPEX. Nous essayons d'avoir une approche budgétaire très vertueuse pour être irréprochables.
Je maintiens que le Livre blanc est pertinent : il a bien anticipé ce qui s'est passé depuis deux ans et demi, notamment sur les flancs est et sud – ce qui nous avait conduits à retenir notre modèle global d'armée. Une révision imposerait une autre LPM : outre que ce n'était pas le mécanisme prévu, je ne crois pas sain de refaire deux ans après un exercice complet quand on voit le travail que cela représente. Je rappelle qu'un modèle d'armée pour gagner la guerre se calcule avec tous les paramètres, la victoire ou la défaite pouvant dépendre d'un seul petit facteur mal anticipé.
Il faut donc affiner la LPM. Si le costume a en effet été taillé au plus juste, le contrat de protection n'était pas assorti d'un délai de mise en place et de durée, ce qui est maintenant le cas. Mais je ne crois pas que cela modifie en profondeur la LPM.
Il faudra partir du cadre stratégique, intégrer les enseignements des opérations de ces deux dernières années et ajuster les capacités sans mettre en cause les équilibres subtils des programmes à effet majeur.
Il convient d'éviter deux écueils : un « lifting » superficiel ou une analyse en profondeur qui pourrait nous conduire à refaire la LPM – ce qui serait périlleux, car je pense que cette loi sera pleinement efficace pour notre défense jusqu'en 2019.
Je rappelle que, quand je me rends auprès de l'OTAN, j'observe qu'après les États-Unis, le deuxième pays leader est la France. Nous sommes admirés par nos alliés et craints par nos ennemis. Nous pouvons donc être fiers de notre modèle d'armée et il faut se battre pour le maintenir.
Enfin, ne pas tirer sur la corde s'agissant des personnels relève de ma responsabilité de chef militaire. La disponibilité et la professionnalisation de nos soldats sont extraordinaires. Il faut donc faire attention à la dimension personnelle et familiale des individus. C'est la raison pour laquelle nous adapterons progressivement le dispositif Sentinelle par rapport aux menaces dans un dialogue constant avec les différentes confessions et les préfets concernés. Je vais d'ailleurs beaucoup visiter Vigipirate pour cette raison, sachant que si nous réussissons des choses extraordinaires, c'est parce que ce facteur humain est pris en compte. Le ralentissement de la déflation était à cet égard tout à fait opportun.