Nous avons une cellule ad hoc sur le cyber, qui fonctionne très bien et fournit des renseignements efficaces, quotidiennement. Nous sommes dans le peloton de tête au plan international, ce qui exige des effectifs, un coût, ainsi qu'un équilibre entre la technologie, les services de renseignement et les opérations. Ce volet est bien pris en compte.
S'agissant du Nigeria, la France a décidé de créer une cellule de coordination et de liaison adossée au poste de commandement de Barkhane à N'Djaména – je l'ai visitée à Noël –, qui permet une meilleure coordination des actions entre les différents pays : le Niger, le Cameroun, le Tchad et le Nigeria notamment. La situation dans ce pays se dégrade, ce qui nous concerne indirectement compte tenu de la menace sur des pays amis, le Niger et le Tchad, avec lesquels nous travaillons dans le cadre de l'opération Barkhane. Mais il faut d'abord une approche politique internationale et que les différents acteurs responsables dans cette zone s'engagent.
Quant à l'offensive du Tchad, elle a été lancée à la demande de ses voisins camerounais et nigériens, mais nous n'en sommes pas partie prenante. Je rappelle que l'opération Barkhane, qui mobilise beaucoup nos forces, s'étale sur des milliers de kilomètres face à un ennemi très mobile et déterminé. Reste que nous ne laisserons pas tomber nos alliés si nécessaire.
Concernant la légitime défense, nos soldats sont aussi aptes à neutraliser un agresseur sans tirer, comme aujourd'hui encore à Nice où ils ont parfaitement réagi. Ce n'est cependant pas une situation très confortable car nous ne sommes pas formés prioritairement, comme nos amis policiers ou gendarmes, à affronter ce type de situation. Nous avons beaucoup progressé ces dernières années sur la maîtrise du feu dans le cadre des OPEX, notamment en Afghanistan : nous enseignons d'abord à nos soldats à ne tirer que dans certaines conditions.
Pour ce qui est des réserves, il est temps d'avoir un grand projet pour les dynamiser, définissant les missions individuelles et collectives, les entraînements, les équipements, les lieux d'intervention, avec une réserve professionnelle qui soit le pendant d'une armée professionnelle. Nous allons mener une réflexion à cet égard dans le cadre de l'actualisation de la LPM.
Enfin, sur le service civique, nous nous conformerons aux décisions prises par le pouvoir politique, et nous demanderons des moyens supplémentaires si nous avons des missions supplémentaires. J'observe que les armées françaises sont déjà de formidables outils d'intégration : nous transformons souvent des jeunes en grande difficulté en héros. Nous avons en effet un modèle d'intégration et un jeune commençant comme soldat de deuxième classe peut terminer comme général de brigade. Il faut tenir compte de cette dimension de cohésion sociale dans notre projet pour les réserves et s'inspirer de ce qui fonctionne dans les armées, comme le service militaire adapté (SMA) outre-mer. Nous avons des savoir-faire pour la catégorie des jeunes en difficulté qui échappent aux dispositifs de l'État, qu'il s'agisse des services sociaux ou de l'Éducation nationale. Notre pédagogie peut être mieux adaptée dans leur cas.
Quant à prendre en charge les 800 000 personnes d'une classe d'âge, le ministre s'est déjà exprimé, ce n'est pas envisageable.
De même, une nouvelle mission ne pourra pas être menée « sous enveloppe ». Il faut donc respecter le principe : « une mission, des moyens ».