Intervention de Christophe Deloire

Réunion du 29 janvier 2015 à 8h00
Commission d'enquête sur les missions et modalités du maintien de l'ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens

Christophe Deloire, directeur général de Reporters sans frontières France :

Mes réponses ne sont pas liées à l'actualité, au fait qu'on a vu des manifestants crier « Je suis Charlie ! Je suis policier ! » Ces dernières années, les journalistes nous ont signalé que les forces de l'ordre avaient un comportement beaucoup plus favorable à leur égard, contrairement à certains manifestants.

S'agissant de la protection par les forces de l'ordre, il ne faudrait pas que le remède aggrave le mal. Comme les journalistes sont pris à partie, certains se retrouvent du côté des forces de l'ordre, ce qui peut renforcer l'acrimonie des manifestants et entraîner en retour des crachats et des insultes, quand ce n'est pas des violences physiques. Il ne faudrait pas que cette protection trouble davantage la perception que certains manifestants ont du rôle et de l'indépendance des journalistes.

Nous avons interrogé Olivier Pouchin, le chef de la délégation des CRS de l'agglomération parisienne, qui souligne l'importance de la communication entre les journalistes qui couvrent les manifestations et les CRS. Si les journalistes ont signalé leur présence, les CRS pourront intervenir plus facilement en cas d'affrontements violents. Et il arrive que les forces de l'ordre viennent activement défendre des reporters en situation délicate, selon le commissaire. Pour être complet, il précise qu'en certaines occasions, les journalistes ont pu perturber les manoeuvres de ses hommes, notamment en se retrouvant entre les CRS et les manifestants.

Olivier Pouchin assure aussi que les CRS ne sont pas hostiles au fait d'être filmés par des journalistes – ce dont on peut douter pour certains d'entre eux. D'autres pourront se dire que les images permettront, le cas échéant, de démentir des allégations fallacieuses d'exactions commises par les forces de l'ordre à l'encontre des manifestants.

L'AFP a initié un groupe de travail sur la sécurité des journalistes, auquel participent toutes les grandes rédactions de France, mais dont les préconisations n'ont pas vocation à être publiées. Les premiers échanges ont porté sur les problèmes de sécurité posés par la couverture de la coupe du monde de football à Rio, mais il me semble qu'un travail est aussi effectué sur les dangers encourus lors de reportages sur des manifestations en France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion