Intervention de Jean Tirole

Réunion du 11 février 2015 à 14h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Jean Tirole, prix Nobel d'économie, président de l'école d'économie de Toulouse :

Aux États-Unis, 50 % des crédits, même aux PME, passent par le shadow banking, ce qui est considérable. Ce n'est pas le cas en France, où les banques, qui ont pourtant reconstitué leurs marges, hésitent encore à prêter, compte tenu des incertitudes du contexte économique. Reste qu'il existe beaucoup d'aides publiques au financement des PME. Celles-ci ont surtout besoin d'une perspective économique générale, d'aides pour exporter – il en existe déjà – et d'un environnement plus propice. En tant qu'économiste, je n'ai jamais compris qu'on maintienne des effets de seuil qui dissuadent les entreprises d'embaucher plus de cinquante personnes. Les PME sont confrontées à la complexité du code du travail, des impôts ou des systèmes de subventions. Il est facile à une grande structure de confier à une ou deux personnes le rôle de chasseurs d'aubaines. C'est quasiment impossible à une petite entreprise.

Le droit français de la faillite est une autre bizarrerie, puisqu'il favorise les actionnaires, qui peuvent refuser une dilution de leur actionnariat, au détriment des créanciers. Ce système unique au monde explique que des banques prêtent contre des sûretés. Il est plus urgent de le réformer que de créer de nouvelles aides aux PME.

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