Je voudrais d'abord remercier nos collègues Jean-Michel Couve, Fanny Dombre Coste, Annick Le Loch et Philippe Le Ray d'avoir participé à nos travaux.
Au sujet de la couverture numérique de certains territoires, nous avons rencontré l'entreprise Eutelsat, qui est consciente des enjeux et qui a engagé des expérimentations avec l'Association nationale des élus de montagne (ANEM) sur plusieurs sites. C'est la réponse par satellite qui paraît la plus appropriée, plutôt que par le raccordement traditionnel utilisé dans les grandes agglomérations.
D'une manière générale, l'organisation du tourisme ne peut reposer uniquement sur son pilier institutionnel. Un collectif comme Alliance 46.2, qui regroupe de grandes entreprises touristiques et des enseignes de renommée mondiale, contribue à développer une vision internationale du tourisme. Ces partenaires apportent à la fois des fonds et une vision entrepreneuriale. Le lien entre privé et public monte ainsi en puissance, ce qui est positif.
Comment répartir la compétence tourisme au niveau territorial ? Les préoccupations, les objectifs et les structures sont différents selon les destinations. Il ne me semble pas nécessaire de trancher en faveur d'une solution plutôt que d'une autre. En revanche, il est impératif de promouvoir et de généraliser les contrats de destination qui obligent les acteurs à se coordonner pour définir un contenu. L'incitation financière qui s'y attache peut y aider, mais ils doivent aussi naître spontanément. Peut-être de grandes régions rendront-elles du reste la France plus forte dans le domaine touristique.
Madame Dubié nous a interrogés sur les solutions juridiques à apporter aux difficultés rencontrées par les hôteliers avec les sites de réservation en ligne. Plusieurs solutions sont à creuser et font actuellement l'objet d'un examen par l'Autorité de la concurrence, notamment celle du contrat de mandat. Il faut par ailleurs souligner que les hôteliers tendent à cocher trop facilement certaines cases ; ils se retrouvent par la suite comme pris dans une nasse.
Monsieur Chassaigne, l'égoïsme territorial est en effet prégnant en matière touristique. Pour inciter à de meilleurs comportements, la carotte pourrait être apportée par des contrats de destination de première, de deuxième, voire bientôt de troisième génération.
Face à Google, les acteurs du numérique s'organisent. L'Open Internet Project (OIP), lancé au printemps dernier, vise ainsi à porter ce débat au niveau européen. Des pistes sont à explorer pour lutter contre ses pratiques anti-concurrentielles, en recourant par exemple à des autorités de régulation similaires au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Il pourrait aussi être envisagé d'opérer une distinction plus claire, par la voie législative, entre sites marchands et comparateurs de prix. Beaucoup de choses sont à améliorer concernant l'affichage des recherches du référencement payant. L'OIP a fait des propositions, dans le cadre de l'instruction de la plainte contre Google, pour promouvoir un partage du marché par moitié entre les acheteurs de mots-clés et Google, qui affiche en effet, à la droite des résultats de recherche, des annonces publicitaires.
En tout état de cause, une solution doit être trouvée au niveau européen, sans chercher le contentieux pour le contentieux, mais au contraire un dialogue. J'en profite pour souligner que le dialogue est toujours préférable au contentieux car il permet d'apporter des solutions plus rapidement. C'est encore mieux lorsqu'il est mené en amont. Ainsi, face aux OTA, la Fédération nationale de l'hôtellerie de plein air a pris les choses en main pour négocier une charte de bonne conduite avec certains OTA.
Madame Linkenheld, le soutien apporté aux start-up est différent selon les régions. Il faudrait développer les incubateurs. Mais, lorsque le développement touristique n'est pas leur priorité, les régions participent peu. Il faut déplorer que les dispositifs de financement actuels soient assez chronophages et peu adaptés au secteur touristique. Il arrive que les acteurs du tourisme doivent se financer auprès d'investisseurs privés qui les encouragent pour ainsi dire à délocaliser. De gros efforts restent à faire en matière de reconnaissance de l'économie touristique, de montée en puissance du niveau régional et d'adaptation de nos dispositifs.
Monsieur le président Brottes, une concentration s'observe en effet dans le secteur des sites généralistes mais les sites individuels prospèrent en parallèle lorsqu'ils sont bien ciblés. De même, les agences de voyage placées sur des marchés de niche et proposant des voyages sur mesure tirent bien leur épingle du jeu. Les internautes qui se renseignent et comparent les prix recherchent in fine un produit spécifique pour lequel ils sont prêts à faire appel à une structure existante. Ainsi, Voyageurs du monde, qui sort des grands standards, est bien positionné sur le marché international, car l'entreprise adhère à une forme de tourisme qui attire tous ceux qui sont prêts à voir les choses différemment et à être reçus différemment.