Intervention de Daniel Fasquelle

Réunion du 10 février 2015 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle, président de la mission :

Tout est question d'état d'esprit, vis-à-vis d'internet comme de l'économie touristique. Jusqu'à présent, la France attirait assez pour qu'il y ait peu d'effort à faire. L'approche qui prévalait était une stratégie de cueillette. Mais une concurrence vive s'est développée et elle fait perdre du terrain à la France au profit de l'Espagne ou de l'Italie, nous obligeant à repenser notre approche.

De même, internet est un instrument qui doit être apprivoisé et dont il faut s'emparer. Nous avons des raisons d'être optimistes si nous croisons cette démarche avec notre nouvelle approche. Grâce à internet, l'offre touristique française est plus visible et les touristes peuvent être fidélisés. Mais, plus généralement, les offres françaises doivent apparaître parmi les premières réponses dès que les modèles de recherche sont interrogés de manière générique. Loin d'être seulement un facteur de déstabilisation de l'offre traditionnelle, internet offre donc aussi des opportunités pour revoir notre approche.

Quant au défi de la dispersion des interventions touristiques au niveau territorial, il faut y répondre à la fois par la rationalisation et par la liberté. Dans certaines régions, où un seul département présente un attrait touristique, il n'est pas illogique que l'action touristique soit menée à son niveau. Il en va de même au sein des communautés de communes. De manière essentielle, l'information à disposition des collectivités doit être valorisée ; les offices de tourisme doivent partager ce véritable trésor avec les acteurs privés. Mieux formés, les hôteliers sauront mieux jouer le rôle des intermédiaires, qui savent attirer aujourd'hui des clients qui ne seraient jamais venus sans eux.

Il convient ensuite de fidéliser la clientèle. Les OTA seront contrés dans leurs ambitions si les hôteliers travaillent davantage avec les offices de tourisme, comme j'essaie de le faire dans mon territoire. Encore doivent-ils accepter de garder des chambres libres pour eux. Ce n'est qu'à ce prix que les acteurs agiront ensemble au lieu de se présenter en ordre dispersé.

Les start-up françaises appartiennent aussi au paysage de l'innovation. Comme nos collègues Corinne Erhel et Laure de La Raudière l'avaient mis en lumière dans leur rapport, les outils neufs qu'elles développent doivent seulement éviter d'être récupérés par d'autres. Elles méritent un soutien tant au niveau national qu'au niveau européen.

La formation des hôteliers doit être améliorée, pour qu'ils maîtrisent mieux les outils et apprennent à les utiliser à leur profit. Pour la couverture numérique du territoire, nous faisons malheureusement l'expérience qu'elle demeure insuffisante. Dans ma commune, une application multilingue peut cependant être téléchargée et utilisée hors connexion une fois sur place.

Google est aujourd'hui un passage obligé pour tous les opérateurs. Les acteurs craignent que cette entreprise devienne un intermédiaire à part entière, en concurrence avec Expedia ou Booking.com. À terme, le développement de Google Hotel Finder risque ainsi de poser un problème d'abus de position dominante. Nous devons y être très attentifs.

La fiscalité n'est abordée qu'à la marge du rapport car les enjeux dépassent largement la question du tourisme. Lorsque des opérateurs développent leurs activités grâce à des offres situées en France, je ne suis pas d'accord pour qu'ils échappent à la taxe de séjour ou à l'impôt sur les sociétés français. Il faut se donner les moyens, à l'échelle européenne et mondiale, de lutter contre ces comportements inadmissibles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion