Intervention de Christian Eckert

Réunion du 11 février 2015 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Christian Eckert, secrétaire d'état chargé du Budget :

Ce qui est difficile avec le budget de l'État, sur lequel nous avons plutôt la main, l'est tout autant pour ce qui concerne les collectivités locales et les acteurs de la sphère sociale. Certains des points que vous avez évoqués peuvent faire l'objet d'une analyse partagée. Nous gagnerions à nous entraider.

Je pense par exemple au monopole des lois de finances en matière de mesures fiscales qu'évoquait M. le président. On ne peut qu'applaudir. Je n'en dirai pas plus ; tout le monde aura compris... Je souhaite, tout comme le ministre des Finances, que nous respections cette règle. Cela étant, reconnaissez que les responsabilités sont partagées : je connais peu de textes non budgétaires auxquels des parlementaires de la majorité ou de l'opposition ne tentent pas d'adjoindre par amendement des mesures de dépenses fiscales ou budgétaires. Quel que soit le secteur concerné, nous voyons immanquablement refleurir l'allée de marronniers des amendements écartés en loi de finances...

Je pense aussi au risque que la réduction de l'inflation et la baisse du prix du pétrole se traduisent par un relâchement de la contrainte en matière de maîtrise de la dépense – nous en débattions hier soir en séance avec M. Mariton. Pardonnez-moi de le dire avec des mots simples : que vous soyez ministre, élu local ou gestionnaire d'un établissement public, lorsque vous aviez prévu d'acheter une certaine quantité de matériel et que le recul de l'inflation, la chute du prix du pétrole ou l'évolution des conditions de marché font baisser les prix, vous pouvez faire la même chose sans avoir besoin de faire d'économie avec un budget réduit... Ces reculs des prix auront évidemment des conséquences sur le plan comptable et sur nos prévisions. Je veux bien qu'on raisonne tous en valeur, mais tous les observateurs en Europe continuent à raisonner en tendanciel. La Cour des comptes constate par exemple que la moindre inflation ne permettra pas de dégager le milliard d'euros d'économies attendu du gel du point d'indice. Pour citer un autre exemple, que j'espère ne pas voir détourné, j'indique que si nous nous en tenions aux règles de réévaluation des prestations sociales, certaines d'entre elles devraient voir leur montant baisser. Mais, nous ne les réduirons probablement pas ; pour ma part, je le dis clairement, je ne prendrai pas cette responsabilité. Du coup, ce qui aurait, là encore, pu être comptabilisé comme une économie n'en sera pas une.

On peut penser ce que l'on veut des résultats que nous avons obtenus : ils sont parfois inégaux, et, selon les cas, on peut plus ou moins s'en réjouir. Je ne lance pas un appel au secours : j'assume, et j'ai le dos large. On peut toujours discuter sur l'interprétation d'un chiffre dont le référentiel changera suivant ce que l'on veut démontrer, mais peut-être pouvons-nous commencer par nous mettre d'accord sur une attitude commune face à la nouvelle donne liée aux évolutions de l'inflation et des prix de l'énergie : nous devons demander collectivement à tous les acteurs publics d'en tenir compte et de ne pas « profiter » de cette bouffée conjoncturelle d'oxygène pour continuer à faire comme avant et ne pas réduire leur train de vie. On me répond que cela dépend des ministères, que, dans les hôpitaux, par exemple, la faible inflation ne joue que sur le prix du yaourt... Et pourtant, que je sache, les hôpitaux sont chauffés, au fioul ou au gaz, et le coût de l'un comme de l'autre baisse ! Le budget des universités, c'est essentiellement du salaire, me dit-on ; peut-être, mais il y a aussi du chauffage dans les universités ! Tout le monde n'a pas des flottes de véhicules comme le ministère de l'Intérieur ou les armées, mais tous les ministères ont des véhicules et des frais de carburant. Il ne faut pas que l'effet d'aubaine que représentera pour tous la baisse des prix gomme l'effort entrepris pour amener l'ensemble des acteurs public à maîtriser leurs dépenses et à faire des économies.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion