Intervention de Pascal Cherki

Séance en hémicycle du 13 février 2015 à 15h00
Croissance activité et égalité des chances économiques — Article 71

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Cherki :

Nous reviendrons tout à l’heure en détail sur ces articles qui prévoient d’étendre les possibilités de travail dominical et de travail de nuit. Dans cette intervention sur l’article, je m’en tiendrai donc à trois considérations de principe.

Premièrement, je rappellerai les propos d’un grand député corrézien, plusieurs fois président du Conseil sous la IVe République, Henri Queuille, qui sert de modèle politique à un certain nombre de personnes. Il disait : « les promesses n’engagent que ceux qui les croient. » Cet aphorisme a été repris, en son temps, par un autre député corrézien, devenu par la suite Président de la République : Jacques Chirac. Eh bien moi, je ne le pense pas ! Je pense au contraire que les promesses engagent ceux qui les formulent – à moins de considérer que la valeur de la parole publique est relative. Mais alors comment nous étonner qu’à force de ne pas tenir nos promesses, nos concitoyens doutent de la parole publique, se détournent des bureaux de vote, ou donnent leur voix à des formations qui proposent, purement et simplement, de renverser la République ?

Pourquoi dis-je cela ? Je ne suis député que depuis 2012, mais je m’intéresse à la politique, comme beaucoup de mes concitoyens, depuis plus longtemps. En 2009, la majorité de droite avait décidé d’élargir le travail du dimanche. Nous, socialistes, étions alors dans l’opposition, et avons violemment lutté contre cette décision. Nous ne contestions pas les modalités de cette extension, ses compensations, mais son principe même. Nous considérions alors que le dimanche n’était pas un jour comme les autres, et qu’il fallait préserver le repos dominical.

Cette lutte a pris une forme symbolique, qui a marqué les esprits. Je n’étais pas député alors, mais je me souviens que des parlementaires avaient publié une tribune intitulée « Yes week-end ». Cet appel avait été signé par nombre de députés socialistes, dont l’actuel secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et peut-être même l’actuel Premier ministre. D’autres présidents de groupe l’avaient également signé.

Les signataires de cet appel estimaient, au fond, qu’au-delà de la question des compensations, il ne fallait pas toucher au principe du repos dominical, que le candidat du Parti socialiste s’est par ailleurs engagé publiquement à défendre lors de la campagne pour les élections présidentielles. Je rappelle cela car nous allons à présent étendre, dans un certain nombre de cas, le travail dominical. Certes, nous avons amélioré les compensations – sur ce point, je remercie notre collègue Stéphane Travert, qui a beaucoup oeuvré en ce sens au sein de la commission spéciale. Mais au-delà du périmètre des compensations, auquel nous aurions pu nous tenir si nous étions restés sur la base de la loi de 2009, nous avons décidé, nous, socialistes, d’aller au-delà et d’étendre le travail de nuit.

Quelles que soient les contorsions et les circonvolutions,…

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