Intervention de Laurence Abeille

Séance en hémicycle du 13 février 2015 à 15h00
Croissance activité et égalité des chances économiques — Article 71

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Abeille :

En vous entendant, j’ai l’impression que votre rêve pour la France et les Français ressemble à un immense supermarché, avec des travailleurs qui vendent et des riches qui achètent. Ce projet me semble totalement déconnecté de la réalité. Surtout, il ne ressemble à rien : ce n’est tout simplement pas vivre !

Il y a une notion qui est souvent évoquée dans nos débats : celle de pouvoir d’achat. Même s’il leur arrive d’employer l’expression, les écologistes préfèrent parler de bien-vivre, de bien-être. C’est une différence avec les socialistes. En effet, la notion d’achat conditionne, dans le discours politique, toute une idéologie que je récuse. Je revendique la possibilité de vivre sans constamment acheter, sans même parler des autres formes d’échange, comme le troc ou l’économie collaborative.

Je ne comprends pas que l’on puisse comparer la possibilité de faire ses courses le dimanche à celle de se faire soigner. Que je sache, très peu de personnes ont envie, choisissent d’aller à l’hôpital ou aux urgences le dimanche et la nuit ! Généralement, on essaie de se faire soigner à des moments plus opportuns. Heureusement que nous avons des services publics qui travaillent et sauvent des vies le dimanche, et je leur rends hommage.

Dans ce débat, la question de la société dans laquelle nous voulons vivre demeure centrale. Encourager la société de surconsommation que nous subissons aujourd’hui, c’est aller dans le mur ! Souhaitons-nous un système où certains jouiront de plus en plus de temps libre tandis que d’autres seront obligés de travailler tout en se retrouvant plongés dans une plus grande précarité ? Je pense surtout aux femmes : la question du travail des femmes et de leur précarité constitue un grave problème de société et je remercie les intervenants qui ont abordé ce sujet.

Les écologistes défendent l’idée de partage du travail. Ce n’est pas ce soir que nous relancerons le débat sur les 32 heures, mais j’ai l’impression que nous sommes aujourd’hui en pleine vague qui nous pousse à travailler tout le temps. La vie, ça n’est pas que le travail ! En outre, le travail est difficile à trouver : il ne faut pas croire que c’est en étendant les plages horaires durant lesquelles on peut travailler qu’il y aura plus de travail. Enfin, ceux qui se trouveront à travailler à ces moments-là n’auront pas choisi de le faire. En aucun cas, les dispositifs qui visent à étendre les possibilités de travail dominical et de nuit ne permettront de réduire les fractures sociales.

Ce que j’ai pu entendre sur les bancs de la droite m’inquiète beaucoup. Ces propos relancent l’idée d’une société de surconsommation.

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