Mme Buffet évoquait un projet de société. C’est vrai, le dimanche peut être consacré à des activités variées, dont un certain nombre exigent que des salariés, des employés, des fonctionnaires travaillent. C’est notamment le cas d’activités culturelles, comme le cinéma ou les musées. Je profite donc de cette discussion pour attirer l’attention de mes collègues sur l’ouverture des bibliothèques.
Nous sommes aujourd’hui engagés dans une lutte contre un certain obscurantisme, et dans un combat sans cesse renouvelé contre l’illettrisme. Nous nous battons pour faire triompher l’égalité des chances, comme en témoigne le fait que le titre de ce projet de loi ait été modifié. Or les bibliothèques, les médiathèques sont, sur tout notre territoire, des lieux où se joue l’égalité des chances, où nos concitoyens les plus éloignés de la culture ou du marché du travail peuvent y accéder, notamment via internet. C’est particulièrement vrai dans les quartiers difficiles ou les zones rurales.
Nous avons aujourd’hui besoin d’ouvrir le plus largement possible ces bibliothèques, mais il faut au préalable lever les difficultés que rencontrent les collectivités locales et les élus locaux lorsqu’ils négocient avec les salariés à propos d’une ouverture le dimanche.
Puisque le texte de loi avait pour objectif de lever certains blocages de la société française, j’aurais aimé qu’on puisse envisager cette question, mais cela ne semble pas aussi facile. Il ressort de certains échanges avec le ministre que la simple question de l’ouverture des bibliothèques le dimanche semble poser problème au Gouvernement. En revanche, on s’apprête à autoriser l’ouverture des commerces de vêtements ou de meubles ! On encourage la société de consommation plutôt que de défendre un projet culturel qui favoriserait l’accès à l’éducation artistique et culturelle, la démocratisation culturelle, l’égal accès de tous nos concitoyens, notamment via internet, aux outils qui permettent leur épanouissement et leur émancipation.
D’ailleurs, ne négligeons pas les effets de la concurrence qui s’exercera entre les activités commerciales, consuméristes et les activités culturelles auxquelles aujourd’hui un certain nombre de nos concitoyens consacrent une partie de leur dimanche. S’ils vont dans les magasins, ils n’auront pas le temps d’aller dans les musées, dans les bibliothèques ou même dans certaines de nos librairies ouvertes elles aussi le dimanche matin !