Les enjeux évoqués par le rapport de notre collègue sont multiples : qualité de l'eau, de l'air, des sols, paysages, biodiversité. Le titre lui-même, « Les champs du possible », reprend celui de l'ouvrage d'un militant paysan breton, André Pochon, qui a beaucoup écrit et montré dans la pratique que l'agroéconomie peut être une réalité.
La compréhension des raisons de l'échec du plan Écophyto conditionne la réussite des nouvelles propositions. Une transition prend toujours beaucoup de temps, les agriculteurs qui s'y sont attelés le savent. La réduction des intrants est indispensable au développement de l'agro-écologie, particulièrement en ce qui concerne les pesticides, les produits phytosanitaires, mais aussi les engrais en général et l'eau elle-même. La diversification des cultures tient une place cruciale, comme André Pochon l'a montré, mais elle rencontre un certain nombre d'obstacles et ses progrès sont très faibles. Ces obstacles sont-ils liés au fonctionnement global de la filière ? Plusieurs études de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) soulignent que le développement de nouvelles pratiques est conditionné par la présence de débouchés commerciaux durables. Cela nécessite la création de filières de production, mais aussi l'implication des consommateurs.
Les directives et règlements européens relèvent d'une logique économique. Or, sans le « verdissement » de la PAC, pour lequel la France milite avec constance, les objectifs visés seront difficiles à atteindre. Par ailleurs, la formation continue et le conseil aux agriculteurs constituent des enjeux importants, mais il ne faut pas oublier la formation initiale et l'accompagnement au quotidien Cela concerne les animateurs territoriaux, les aires d'alimentation des captages, les conseils, les coopératives et le secteur privé. Par ailleurs, le rapport ne semble pas évoquer les diagnostics d'exploitation et de territoire. Y a-t-il des propositions à ce sujet ?
Afin d'encourager les politiques environnementales, les pouvoirs publics cherchent à articuler plusieurs instruments réglementaires avec les aides, les incitations économiques et les taxes ou redevances. Quid de la fiscalité écologique et du rôle du système financier ? Enfin, la démarche contractuelle met les acteurs et les territoires – dont le rôle me semble primordial – au coeur de l'action : comment coordonner tous ces leviers afin de rendre plus efficace un système complexe ?