Le rapport dresse un double constat que chacun peut partager : le morcellement des organisations, et l'omertà sur les risques liés aux produits phytosanitaires. Beaucoup d'agriculteurs sont pris de panique devant le changement de modèle auquel ils sont confrontés, tant celui de demain diffère de celui d'aujourd'hui, et légiférer trop vite peut avoir pour effet de pousser certains acteurs de premier plan à se refermer sur eux-mêmes.
L'échec du plan, cependant, est davantage quantitatif que qualitatif. Les volumes globaux n'ont que peu changé, mais l'amélioration est spectaculaire pour les produits les plus dangereux : l'utilisation des agents chimiques cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques a diminué de 80 % s'agissant de ceux classés CMR 1 et de 20 % s'agissant de ceux classés CMR 2.
La mise en oeuvre du plan Écophyto a donné lieu à débat : fallait-il rendre obligatoires toutes les mesures ? Cela s'est révélé impossible, car l'évolution de la recherche n'a pas été au rendez-vous. Il a donc été convenu qu'il fallait se limiter à faire ce qui était possible. Certains objectifs du nouveau plan laissent perplexes, car l'on passe de l'incitation à l'obligation assortie de sanctions, ce qui tétanise la profession, alors même que le rapport ne fait qu'effleurer les autres pistes envisageables, telles que la contractualisation et la régionalisation – souhaitables, mais sous réserve d'être affinées et pratiquées à l'échelon le plus adéquat. L'assurance est également un mécanisme très important, et certaines incertitudes devraient être levées au sujet du réseau Dephy. La question de la formation et celle de l'information sont, quant à elles, stratégiques. Enfin, dans le domaine de la consommation, le financement des filières courtes et de l'agriculture biologique reste incertain, tandis que les contrôles demeurent insuffisants.