Intervention de Yannick Favennec

Réunion du 11 février 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Favennec :

Monsieur le président, je m'exprimerai au nom du groupe UDI et plus particulièrement de notre collègue Stéphane Demilly, qui a dû s'absenter et vous prie de bien vouloir l'excuser.

Stéphane Demilly souhaitait mettre en exergue l'impact de l'élevage sur l'environnement qui est régulièrement pointé du doigt. Il en sait quelque chose puisqu'il est député de la Somme où sévit cette violente polémique autour de la fameuse « ferme des mille vaches ».

Au niveau mondial, les systèmes de production animale sont responsables de 18 % des émissions de gaz à effet de serre, soit beaucoup plus que les transports. Cependant, je voudrais insister sur la déprise agricole, phénomène particulièrement inquiétant dans notre pays. Le développement à grande échelle de la déprise agricole que connaissent diverses parties du territoire national constitue un événement majeur dans l'histoire écologique de la France, événement dont nos concitoyens n'ont d'ailleurs pas encore vraiment pris la mesure.

Ainsi, l'extension progressive des surfaces qui retournent à la friche puis à la forêt aboutit à une transformation des paysages et des écosystèmes sans équivalent depuis le mouvement de déforestation qu'a connu la France au Moyen Âge. En silence, certaines parties du territoire retrouvent en quelque sorte l'apparence qu'elles avaient avant l'intervention des moines de Cluny. (Sourires) Certains pourraient être tentés de se réjouir de ce qui leur apparaîtrait comme un juste retour à la nature. En réalité il est urgent de souligner les dangers d'un mouvement difficilement réversible et qui constitue un véritable retour en arrière aux conséquences incalculables.

Dans plusieurs départements, les paysages se ferment progressivement du fait de la réduction de la surface agricole utilisée et de l'extension des forêts. Le cas du Jura, où la surface agricole utile (SAU) a très fortement diminué depuis 1970, est emblématique de ce mouvement qui concerne d'autres massifs tels que les Vosges ou le Morvan. Dans ces conditions, l'agriculture revêt des enjeux qui dépassent largement le cadre de l'économie agricole. À ce titre, l'élevage joue un rôle essentiel pour l'équilibre et la préservation du paysage, en entretenant l'espace. Qu'il soit bovin, ovin, caprin ou équin, son rôle est irremplaçable car la tonte de l'herbe par les animaux permet d'enrichir la variété de la flore et favorise, grâce à l'apport de matière azotée, l'apparition d'espèces végétales qui ne croîtraient pas en leur absence. De même, les pâturages, qui constituent 70 % des terres agricoles dans le monde, contribuent à absorber de grandes quantités de CO2.

Cette dimension de l'élevage n'est pas suffisamment rappelée lors des débats sur les relations entre l'élevage et l'environnement. C'est pourquoi j'aimerais connaître votre point de vue sur ce sujet.

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