L'enjeu économique des filières que nous représentons – filières bovine et ovine principalement – est majeur, puisqu'elles sont en crise. Aujourd'hui, les producteurs bovins ne gagnent pas leur vie, ce qui veut dire que le renouvellement des générations ne peut pas se faire. On ne peut pas attirer grand monde avec une perspective de revenu de 14 000 euros par an. Nous y travaillons avec les organisations syndicales, notamment la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
L'industrie de transformation de la viande constitue également un enjeu économique majeur puisqu'elle concerne 59 000 emplois. Là aussi, nous sommes confrontés à un problème de renouvellement des générations puisqu'il est difficile d'attirer les jeunes vers les métiers de la viande. Il faut valoriser ces métiers nobles et qui ont un réel savoir-faire. C'est pourquoi nous avons entrepris une campagne importante de communication.
J'ajoute que, s'il n'y a plus de producteurs, il n'y aura plus d'industrie de la viande. La consommation de viande bovine baisse en France, tandis que la consommation d'autres espèces augmente, en particulier en raison du prix.
Depuis trois ans, nous avons la chance de voir l'ouverture des marchés extérieurs qui ne l'étaient plus à cause de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Ce problème est maintenant derrière nous et nous espérons être classés, au mois de mai prochain, en « risque négligeable » par la Commission européenne, ce qui permettra que soit levé l'embargo de la Chine et d'autres pays sur les viandes européenne et française.
La question de l'étiquetage est effectivement très importante. Elle sera au coeur de nos préoccupations lors du prochain salon international de l'agriculture. Il y a un an, nous avons vécu la crise du Horsegate. Nous avons créé « Viandes de France » qui regroupe l'ensemble des viandes et pas seulement la viande bovine, et certifie que les animaux sont nés, élevés, abattus et transformés en France. Mais, comme nous considérons que ce logo n'est pas suffisamment utilisé, nous allons intensifier notre action. Disons-le clairement : nous avons rencontré des réticences de la part d'industriels de la transformation. Nous menons également un combat auprès de la Commission européenne et du Parlement européen. Il y a quinze jours, nous avons réussi à empêcher qu'un amendement soit déposé qui considérait qu'il n'était pas possible de mentionner l'origine de la viande transformée en raison d'un coût élevé. En réalité, cet argument ne tient pas, car la quantité de viande dans un plat à base de viande est très faible, et l'impact sur le prix négligeable.
Ce combat est important parce qu'il permet de répondre à une attente du consommateur, dont le premier critère de choix est l'origine du produit. Il ne s'agit pas d'imposer la viande française partout, mais de permettre au consommateur de connaître l'origine de la viande qu'il consomme.
J'en viens à la restauration collective, qui représente 28 % de la consommation de viande en France. Nous savons qu'une part très faible est réservée à la viande française, ce qui est totalement anormal. Il faut bien distinguer la restauration collective commerciale de la restauration collective scolaire, des administrations, de l'armée, etc. Il est absolument anormal que 80 % de la viande consommée ne soit pas d'origine française. À cela, certains nous répondent que nous ne pourrions pas fournir suffisamment de viande. C'est faux : c'est un problème de gestion, mais nous savons le résoudre. Nos comités régionaux ont un travail important à faire auprès des collectivités pour leur expliquer que nous pouvons fournir de la viande. Nous avons une répartition territoriale des unités de transformation de viande qui permet également de valoriser des démarches régionales.
S'agissant du prix de la viande, une réunion de concertation a lieu aujourd'hui. Même s'il n'est pas rémunérateur pour l'éleveur, le prix est élevé pour le consommateur. Se pose donc la question des marges, que je n'aborderai pas. Nous avons un outil de réflexion qui peut nous permettre d'avancer : la contractualisation. Cela permettrait de mieux valoriser les démarches de qualité. Une caisse de sécurisation serait créée qui permettrait d'abonder le prix lorsqu'il est très bas et de capitaliser lorsqu'il est plus élevé.
Un autre point a été soulevé, celui de la valorisation des coproduits. En la matière, il existe de grandes complexités administratives et fiscales, mais il y a des chances à saisir. La méthanisation est très compliquée pour les industriels de la viande, et l'on se rend compte que le résultat n'est pas à la hauteur des études qui ont été réalisées.
S'agissant du bien-être animal, le code civil a été aligné sur le code rural. Je rappelle que le bien-être animal fait bien partie intégrante des préoccupations des éleveurs mais aussi des industriels de la viande que nous sommes, contrairement à ce que peuvent dire certaines associations dont le discours relève du militantisme. Pour ce qui est du transport des animaux, il est préférable que des animaux qui auront été élevés en France soient abattus en France avant d'être exportés, car le délai de transport est alors beaucoup plus court.