Je voudrais répondre à Mme Laurence Abeille. Nous souhaitons que nos discussions avec la FAO soient basées sur une analyse multicritères. Que l'on compare la quantité produite au mètre carré, à l'hectare ou en pourcentage de la planète, on obtiendra toujours des chiffres exacts, mais il faut parvenir à se mettre d'accord sur les évaluations multicritères. Nous sommes souvent attaqués sur le nombre d'animaux ou sur la qualité, mais il ne faut pas oublier qu'ils produisent d'autres choses, comme du lait, du cuir, etc. On parle souvent des impacts négatifs de la production de viande sur l'environnement, alors qu'il existe d'autres productions liées à l'animal.
Le modèle français est très particulier, si on le compare à ce qui se passe sur le reste de la planète, où l'on s'oriente plutôt vers des modèles de type industriel, qui sont les plus dangereux au plan environnemental. La confrontation environnementale nous conduit à orienter l'élevage de telle manière que l'on ne construise pas des usines à viande ou à lait. À cet égard, je voudrais signaler l'initiative qui a été prise au Brésil, où des gens se sont mis autour d'une table avec des ONG, en particulier WWF, pour réfléchir à un « boeuf durable ». Même si de telles initiatives ne sont pas suffisamment développées, elles devraient permettre de discuter d'un autre modèle. Mais le modèle mis en place en Afrique ou en Asie n'est pas du tout basé sur la dépendance au sol, contrairement à ce qui se passe en France et dans la partie orientale de l'Europe.
L'année dernière, lors du congrès mondial de la viande en Chine, le gouvernement chinois a posé la question suivante : déplacer les populations rurales en bordure des villes est peut-être une solution, mais que fait-on des territoires et de l'agriculture qui y reste ? Est-ce du développement industriel, ou un modèle à l'européenne ou à la française ? Ces questions sont au coeur de nos discussions. La réponse de la PAC est intéressante dans la mesure où elle allie le caractère productif et économique d'une exploitation à des qualités environnementales développées par l'agriculture. Je crois que ce modèle peut être intéressant, même s'il est contraignant pour les agriculteurs qui ont encore du mal à accepter d'avoir à remplir chaque jour des papiers. La prime à la vache allaitante ou à la brebis est associée à un caractère économique, c'est-à-dire que, contrairement à ce qui a pu être dit, les agriculteurs qui touchent des primes de Bruxelles s'engagent à produire un minimum de veaux ou d'agneaux, ces primes étant également liées à des critères environnementaux, à des densités, etc.
Vous nous avez demandé quelle sera la nouvelle PAC. On voit bien que la PAC est plutôt un assemblage de différentes positions nationales qu'une véritable politique européenne qui aurait alimenté l'avenir agricole de l'Europe. Ces questions se posent essentiellement au niveau européen mais elles ont un retentissement mondial parce que le problème de l'élevage au niveau mondial n'a rien de semblable avec l'évolution qui existe chez nous. Nous sommes parvenus à de premières réponses parce que les discussions locales avec les ONG ont permis quelques avancées.