En France, depuis l'entrée en vigueur de la directive « Nitrates », on a constaté une meilleure valorisation des effluents d'élevage. De grands investissements ont été réalisés sur les exploitations pour mieux valoriser ces effluents. Cela s'est traduit par un moindre recours aux engrais de synthèse, donc une moindre dépendance aux engrais minéraux et, de fait, on observe une amélioration de la qualité de l'eau avec des teneurs en nitrates qui baissent dans les eaux superficielles.
S'agissant de la quantité d'eau nécessaire à la production de lait ou de viande, le schéma français n'est pas du tout le même que le schéma israélien, où l'on a recours à l'irrigation pour la production de tous les fourrages. En France, seulement 5 % des surfaces destinées à l'alimentation des animaux sont irriguées. Cela représente une faible part et donc une très faible dépendance à l'irrigation. Néanmoins, des améliorations sont nécessaires pour optimiser la consommation d'eau dans les élevages.
En 2006, la FAO estimait que l'élevage contribuait pour 18 % aux émissions de gaz à effet de serre au niveau international. Depuis, la FAO a conduit une nouvelle évaluation qui fait état de 14,5 % en 2013. Nous avons constaté que les pratiques mises en oeuvre pour réduire la pollution par les nitrates ont un effet positif sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui fait qu'entre 1990 et 2010, une réduction de 14 % de ces émissions a été obtenue dans l'élevage bovin. Ce résultat est lié à l'amélioration des pratiques, mais aussi à l'augmentation de la productivité, sachant que la production par vache a augmenté entre 1990 et 2010 du fait de la génétique et d'une meilleure efficience des systèmes de production : nous sommes passés de 5 500 kg de lait par vache à 6 500 à 7 000 kg de lait, ce qui n'a rien à voir avec les 10 000 ou 12 000 kg que l'on peut observer dans certains pays où le lien au sol a été perdu. L'augmentation de la productivité en France nous a permis en effet de conserver malgré tout ce lien au sol. Il y aura de toute façon une augmentation des cheptels dans les exploitations, dès lors que le lien au sol sera conservé par la production de fourrage et la valorisation des déjections. Nous ne prendrons pas de risques environnementaux plus importants.
Vous nous avez demandé si l'on prenait suffisamment en compte le stockage de carbone dans les exploitations. La réponse est non. Même si nous progressons sur l'intégration du stockage de carbone, il nous faut un soutien pour que ce stockage soit reconnu en tant que tel dans les inventaires nationaux, dans les évaluations environnementales. Le risque serait sinon de voir disparaître ce puits de carbone, ce qui se traduirait par un emballement du changement climatique. Un effort important est donc nécessaire pour faire reconnaître cette contribution positive de l'élevage au stockage de carbone.
Il est difficile de dire que l'élevage contribue à une perte de biodiversité lorsque l'on voit, sur une zone de polyculture élevage, à la fois des champs de céréales, de maïs, de colza et des prairies. Cette mosaïque paysagère contribue à la biodiversité floristique et faunistique, c'est-à-dire qu'il y a un transfert d'espèces entre les différentes cultures, ce qui est bien plus favorable à la biodiversité qu'une zone de grandes cultures avec des étendues très importantes de monocultures. Pour l'éleveur, le dispositif est doublement bénéfique car, dès lors qu'il contribuera à une meilleure biodiversité du sol et de tout le paysage qui l'entoure, il aura moins recours aux intrants. L'élevage bovin s'inscrit donc dans la préservation de la biodiversité. Je précise que les produits phytosanitaires sont très peu utilisés en élevage, à la différence des grandes cultures.
Bien sûr, il faut engager d'autres évolutions. La FAO annonce un objectif de 30 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est envisageable à plus ou moins long terme. Sur certaines exploitations, il reste encore des marges de progrès très importantes puisque des exploitations au système de production identique peuvent avoir une efficience technique et des impacts environnementaux différents.