Nous avons le plaisir d'accueillir le chef d'état-major des armées, le général de Villiers, pour faire un point sur les engagements militaires extérieurs de notre pays. Avant toute chose, je tiens à exprimer, au nom de notre commission, toutes mes condoléances pour le tragique décès de neuf de nos aviateurs dans un accident d'avion en Espagne.
L'armée française vit en ce moment une période extraordinairement dense. Elle est au premier plan dans la lutte contre la menace terroriste. Au cours des dernières années, les opérations extérieures (OPEX) françaises se sont multipliées. De plus en plus, elles tendent à s'inscrire dans la durée, comme au Liban, dans le Sahel, en Centrafrique et en Irak.
Vous avez fréquemment évoqué la tension que ce niveau d'engagement fait peser sur les hommes et les équipements. En sus de ces OPEX, une vaste opération intérieure, l'opération Sentinelle, a été lancée sur le territoire national au lendemain des attentats de Paris ; 10 000 militaires sont mobilisés dans ce cadre afin d'assurer la protection des lieux sensibles. Comment l'armée s'organise-t-elle pour faire face à cette multiplicité des fronts ? Avez-vous la perspective de voir le nombre de postes qui vous est accordé augmenter alors que des réductions supplémentaires sont prévues d'ici à 2019 ? Quelles seront vos priorités ? Qu'attendez-vous concrètement de la révision de la loi de programmation militaire (LPM) qui doit avoir lieu cette année ?
Par ailleurs, comment analysez-vous la menace que représente le Sud libyen, qui servirait de sanctuaire pour les groupes terroristes que nos militaires combattent dans le Sahel ? La France a décidé d'ouvrir une base avancée à Madama, au Niger, à une centaine de kilomètres au sud de la frontière libyenne, pour être mieux à même d'intercepter les convois terroristes qui circulent entre le sud de la Libye et le nord du Mali. Quelle est votre appréciation sur le fonctionnement de cette base ? Quelle est l'ampleur des mouvements observés sur cet axe ?
Depuis l'été dernier, l'opération Serval au Mali a laissé la place à l'opération Barkhane qui vise à combattre les groupes armés terroristes dans l'ensemble de la bande sahélo-saharienne, de la Mauritanie au Tchad. Quel regard portez-vous sur les premiers mois de cette opération ? La coopération avec les forces armées africaines est-elle satisfaisante ?
Le commandement de Barkhane est situé à N'Djaména, à une cinquantaine de kilomètres seulement de la zone où sévit Boko Haram. Si nos militaires ne sont pas directement engagés sur ce front, notre armée appuie l'action de nos partenaires africains, nigériens et tchadiens. Pouvez-vous nous détailler concrètement la contribution de l'armée dans ce cadre ? Quel est votre sentiment sur la capacité des armées africaines à faire face, avec notre appui, à la menace Boko Haram ? Que pensez-vous du calendrier et de la capacité de mise en oeuvre effective de la force d'intervention africaine qui vient d'être annoncée par l'Union africaine et qui devrait mobiliser un peu plus de 8 500 hommes ?
Un peu plus au sud, nos militaires sont engagés dans l'opération Sangaris en Centrafrique. Le passage de relais avec la force de maintien de la paix des Nations Unies, la MINUSCA, a été amorcé. Mais le niveau de tension dans le pays reste cependant élevé et le processus politique peine à s'enclencher. Où en est la décrue des effectifs de Sangaris ? Dans quelles zones le relais avec la MINUSCA sera-t-il le plus dur à mettre en oeuvre ?
Enfin, la participation française à l'opération Chammal en Irak semble s'être intensifiée au cours des dernières semaines. Comment expliquer cette montée en charge ? Comment évolue le rapport de forces sur le terrain ? Comment jugez-vous l'efficacité respective des peshmergas kurdes et des forces armées irakiennes ? On entend dire qu'une offensive de ces dernières se prépare. Plusieurs pays – dont la France – ont annoncé l'envoi de conseillers militaires pour renforcer l'action au sol des troupes irakiennes et kurdes. Sont-ils déjà sur le terrain ? Pouvez-vous nous donner des détails sur leur action ?