Ce n'est pas la première fois, et ce n'est sans doute pas la dernière, que nous parlons des déséquilibres entre territoires ruraux et urbains. Dans ce domaine, nous sommes très mal engagés, et depuis très longtemps. En effet, le modèle de développement de notre pays, placé sous le signe de la compétitivité et de l'attractivité, a eu pour conséquence assez logique de créer les grands espaces vides que sont aujourd'hui les territoires ruraux. Pour sortir de cette situation, il faudra remettre en question ce modèle libéral, voire ultralibéral, et essayer de mettre en oeuvre des politiques de coopération et de solidarité rompant enfin avec les politiques de compétitivité ou d'attractivité qui mettent en compétition les territoires les uns avec les autres et les amènent à se détruire.
La question du haut débit, qui revient très souvent dans nos débats, est tout à fait symptomatique de cette situation. En effet, les opérateurs de téléphonie mobile vont automatiquement dans les zones où il y a le plus de monde et de clients, c'est-à-dire dans les métropoles fortement densifiées, et évidemment pas dans les territoires ruraux. La privatisation des télécoms a abouti quasi mécaniquement à faire que les territoires ruraux ne bénéficient pas des mêmes services que les zones urbaines, tout simplement parce qu'ils sont économiquement beaucoup moins rentables pour les opérateurs.
De la même façon, les services publics n'ont pas été suffisamment soutenus dans les territoires ruraux – équipements de santé, équipements scolaires, mobilité et équipements de proximité. Tout s'agrège autour des grandes métropoles comme Paris, Nantes ou la région PACA, autrement dit les zones jugées « attractives », pour reprendre la terminologie libérale.
Les territoires ruraux ne pourront disposer du haut débit, et plus généralement, retrouver une vie économique et sociale, que lorsque l'on abordera les problèmes non plus sous l'angle de la compétitivité, mais sous l'angle de la coopération.