Nous sommes aujourd'hui dix-huit personnes et nous avons recruté cette année trois chargés d'affaires, puisque l'activité est en forte expansion. Nous avons de plus en plus de fonds dans les portefeuilles, ces recrutements sont donc nécessaires.
C'est une équipe modeste en termes d'effectifs pour gérer des montants très significatifs.
L'histoire des fonds de fonds est née pour nous en 1994 avec les fonds régionaux. Il s'agissait, après l'arrêt des sociétés de développement régional (SDR), de reconstituer un tissu de fonds régionaux de capital-investissement très actifs et impliqués dans les régions. En 1998, a été créé le Fonds publicFonds BEI pour le capital-risque à la suite de la privatisation de France Télécom. En 1999, ont eu lieu les premiers financements de fonds d'amorçage. En 2006, la même logique a été poursuivie avec le lancement de l'activité fonds de capital développement pour les PME. En 2013, lors de la création de la BPI, le constat a été fait que la nécessité de densifier le tissu des gérants de capital-risque et de capital-développement s'était estompée mais qu'il fallait faire croître les fonds plus méritants, c'est-à-dire consolider le secteur, pour que des fonds plus gros puissent accompagner plus fortement les entreprises dans leur besoin de financement. Au terme de cette phase marquée par le lancement de fonds dédiés au capital-risque, au capital-développement, au capital-investissement régional, aujourd'hui, la BPI gère 13 fonds de fonds.
Aujourd'hui, un enjeu majeur est celui de la structuration de la chaîne de financement. C'est pourquoi nous investissons à tous les stades. Nous faisons du capital-amorçage (pour une équipe qui a un projet mais n'a pas encore de modèle économique) ; nous faisons également du capital-risque (démarrage commercial quand le marché commence à se dessiner) à tous ses stades ; nous faisons aussi du capital développement. Cela concerne des sociétés traditionnelles ou technologiques – dans ce dernier cas, on se rapproche plus du capital-innovation en raison de l'hyper croissance, de l'ordre de 50 à 60 % par an qui n'existe pas pour les entreprises traditionnelles. Nous faisons également du capital-transmission, sans être présent sur le secteur des LBO car nous ne recherchons pas les opérations financières. Notre objectif est bien de permettre le transfert d'une entreprise d'un dirigeant qui part à la retraite à une nouvelle génération de managers pour pérenniser le tissu industriel et nous effectuons uniquement des opérations primaires. Enfin, nous avons une activité d'investissement dans ce qu'on appelle pudiquement les entreprises « sous-performantes », ce qui revient à du capital-retournement. Nous sommes toujours à la recherche de fonds dans ce secteur, dès lors que les gérants respectent une certaine équité.
J'aimerais maintenant évoquer notre méthode de travail qui consiste à effectuer une sélection approfondie des fonds et des équipes de gestion. Afin de s'assurer de leur qualité, nous rencontrons les équipes de gestion, nous en interrogeons les membres individuellement et nous sollicitons leurs interlocuteurs. Cela permet de vérifier l'éthique de l'équipe gérante. Une fois la décision de souscription autorisée par les instances dirigeantes de Bpifrance, nous négocions le contrat qui va régir la relation entre le fonds et ses souscripteurs. Ce contrat vaut souvent pour une période de quinze ans. Cela contribue à l'effet d'entraînement sur les investisseurs privés car nous sommes toujours minoritaires et en co-investissement. Nous réalisons le premier « closing », sans exclure de participer aux suivants s'il y a de nouvelles levées de fonds. Cet effet d'entraînement se traduit par le fait que pour 1 euro apporté par Bpifrance, 4 euros viennent des souscripteurs privés.
Corollairement, nous aidons également à la professionnalisation des équipes de gestion. Nous répondons à leurs interrogations et nous les orientons. Nos exigences en matière de reporting sont très élevées. Nous exigeons des données très précises sur la situation socio-économique de l'entreprise mais aussi en matière sociale, environnementale et de gouvernance, et nous demandons aux gérants d'être proactifs en la matière.
Enfin, il y a un suivi dynamique des participations par notre présence au comité consultatif d'investissement – quand il existe – et systématiquement au comité des souscripteurs. C'est ainsi que nous pouvons contribuer à la réorientation éventuelle de la stratégie du fonds. Le suivi se traduit par une valorisation de nos investissements tous les trimestres ou tous les semestres en fonction des fonds de fonds. Un système de gestion des risques très pointu nous permet d'estimer le retour que l'on peut attendre à terme.
Nous avons aujourd'hui 300 fonds partenaires gérés par 130 gérants. S'y ajoutent 30 à 40 fonds nouveaux par an en moyenne. 3,7 milliards d'euros sont souscrits dans ces fonds avec un effet d'entraînement de 5, ce qui fait au total 17,5 milliards disponibles dans 300 fonds au service des PME. La moitié de ces véhicules sont actifs et continuent à investir. Les fonds peuvent être soit des SCR (Société de capital risque) soit des FPCI (Fonds professionnel de capital investissement). Les SCR ont une durée de vie illimitée. Les FCPI sont limités dans le temps à 10-15 ans. Ils s'autoliquident donc au bout de 15 ans. L'investissement dans les FCPI se déroule, en effet, en trois phases : d'investissement (de 5 ans), de maturation (de 5 ans) et de liquidation. La moitié des véhicules sont actifs, les autres étant dans la phase de maturation ou d'extinction. Le schéma classique consiste à investir dans un premier fonds pendant 5 ans, puis dans un deuxième pendant que le premier est en maturation et ainsi de suite. Pendant cette période le premier fonds est passé en phase d'extinction.
3 000 entreprises sont financées en bout de la chaîne, ce qui serait impossible par du financement direct.
Je voudrais illustrer la diversité de nos actions. Dans le domaine de l'innovation, nous avons financé CapAgro Innovation qui est un nouveau fonds dédié au capital-amorçage et capital-risque dans les secteurs de l'agriculture et de l'agro-industrie et le seul dans ce secteur. Nous avons financé l'année dernière Electranova fonds de capital-risque spécialisé dans les énergies renouvables. Nous avons également financé le fonds régional Aquitaine Création Investissement qui est une SCR à vocation généraliste et Cap'Innovest, fonds d'amorçage interrégional qui intervient dans les régions Alsace, Franche-Comté et Bourgogne. Nous avons aussi une action à impact social, puisque nous avons investis dans le fonds Impact Partenaires qui finance des entreprises créées dans les cités. Je souhaiterais citer le Fonds Perceval qui est un fonds de retournement dans lequel nous sommes souscripteurs depuis mars 2014 ; ce fonds a levé 200 millions d'euros et notre part s'est élevée à 25 millions d'euros. Je voudrais parler aussi du fonds FCDE (Fonds de consolidation et de développement des entreprises) mis en place en partenariat avec des banques et des assurances pour investir dans ces situations spéciales. Nous y avons investi 70 millions d'euros fin 2014 sur une levée de fonds de 140 millions, et nous avons pour objectif d'investir 20 millions supplémentaires dès lors que le fonds attendra 200 millions d'euros.
Quelques exemples permettent de mesurer l'impact de ces fonds. LDR est une société qui travaille dans le secteur des implants ; elle a été financée par un de nos fonds d'amorçage régional, puis par un deuxième fonds Keensight, qui a accompagné cette entreprise de quelques milliers d'euros de chiffres d'affaires jusqu'à plus de 100 millions. Cette société est aujourd'hui cotée sur le NASDACQ. Le même scénario s'est produit pour DBV technologie : deux de nos fonds d'amorçages avaient investi, puis avaient été rejoints par des fonds de capital-risque, ensuite par Bpifrance en direct, et cette société a fini par être cotée sur le marché boursier américain. La majorité de son activité est en France bien sûr. Critéo a été financé dès le départ par un de nos fonds de capital-risque.
Enfin, je soulignerai le cas de Juratoys. Cette société a bénéficié d'un investissement de notre fonds franco-chinois qui l'a accompagné sur le marché chinois. Ses produits sont désormais commercialisés dans l'enseigne chinoise Kingsland, un des premiers distributeurs de jouets en Chine, et la société connaît un très fort développement. Elle représente un exemple très concret de soutien à l'exportation.
Je peux citer d'autres exemples, tels Adista, opérateur de services dans l'Est de la France, qui emploie 300 personnes et dégage un chiffre d'affaires de 54 millions d'euros, ou Mecachrome, active dans l'aéronautique. La BPI a un fonds entièrement dédié à ce domaine si important pour notre pays, AeroFund. Elle est ainsi présente aux côtés des industriels du secteur quand cela est nécessaire. J'évoquerai enfin BH Technologies, spécialisée dans les équipements de gestion d'énergie et d'environnement. Très innovante, elle est financée par un de nos fonds partenaires historiques, Siparex.