Vous pourrez interroger sur ce sujet M. Jean-Yves Gilet de la direction dédiée aux ETI et grandes entreprises au sein de BPI France.
Dans le cadre de l'activité fonds de fonds, nous sommes également mobilisés sur cette question, à travers, par exemple, du Fonds Industrie et finances qui est entièrement spécialisé dans le Build up. Il est en effet aussi important de créer que de soutenir la croissance externe d'une ETI. Ce fonds se consacre à la construction, à partir de petites entités, d'entreprises susceptibles de devenir des ETI.
Néanmoins, nous constatons souvent des réticences, parmi les actionnaires familiaux, à ouvrir le capital de leur entreprise, ce qui a pu les inciter à privilégier un financement par la dette, plutôt qu'un financement par fonds propres. Un important travail doit être mené afin de rassurer ces actionnaires familiaux, et d'établir des liens de confiance, grâce à un accompagnement en amont et dans la durée.
S'agissant des fonds de retournement et de leur part dans notre portefeuille : dix fonds de retournement, pour des « situations spéciales », sont gérés par six équipes. Ces fonds représentent un montant total de souscriptions près de 204 millions d'euros, sur un total de 3,7 milliards d'euros. Plus de trente millions d'euros sont par ailleurs en attente de souscription, notamment 20 millions d'euros pour le Fonds de Consolidation et de Développement des Entreprises 2 (FCDE 2) et environ quinze millions d'euros destinés au Fonds Opportunités Régions. Il s'agit donc d'un sujet important, mais les risques afférents restent maîtrisés. Est également en cours d'examen un projet lancé par une équipe d'une grande éthique ; ce critère s'avère fondamental pour Bpifrance, pour prendre la décision d'investir.
S'agissant de la présence des banques nationales et régionales, les secondes sont naturellement intéressées par notre présence dans leur territoire, du fait de l'attention qu'elles portent au renforcement des fonds propres de leurs clients. Elles sont aussi à nos côtés dans les fonds régionaux, tout en créant parfois des fonds qui leur sont propres, ou en réactivant de structures anciennes. Quant aux banques nationales, elles se tournent largement vers leurs sociétés d'assurance-vie et n'investissent plus en fonds propres. Plusieurs d'entre elles prennent part au programme Bpifrance Assurance, axé sur l'investissement dans des fonds dédiés à des PME. Ce programme vise à inciter les établissements bancaires et d'assurance à réaliser des co-investissements avec Bpifrance : avec cinq partenaires – CNP, Cardiff, Crédit Agricole Assurance, Allianz et Axa France, près de 700 millions d'euros ont été déployés depuis 2012. La phase 3 de ce partenariat sera engagée en mars prochain, afin de développer cet engagement et le pérenniser.
Enfin, les délais d'instruction des dossiers diffèrent de ceux constatés en matière d'investissement direct, puisque nous pouvons être sollicités très en amont. Le temps d'instruction s'avère très variable et il est difficile de faire une moyenne : le délai oscille entre trois mois et plus d'un an, sans que cela ait de conséquence puisqu'il n'y a pas derrière chaque fonds une entreprise qui aurait besoin immédiatement de capitaux. Ce délai n'est pas lié à notre propre fonctionnement, mais davantage aux caractéristiques spécifiques de notre activité. Nous devons souvent procéder au « formatage » d'un projet, pour que celui-ci soit attractif pour les investisseurs privés, et ce formatage peut être très long, voire ne pas aboutir.