Intervention de Pascal Lagarde

Réunion du 5 février 2015 à 10h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Pascal Lagarde, directeur exécutif de Bpifrance, chargé de l'international, de la stratégie, des études et du développement :

Il est de 1,5 million d'euros, contre 3 millions pour la moyenne du marché.

Pour la partie financement, Bpifrance propose toute la palette, des prêts à court terme aux prêts à moyen et long termes en passant par le crédit-bail. Dans notre portefeuille, la part des entreprises dans une situation de cotation difficile est très supérieure à celle du marché.

Un autre élément nous différencie des autres investisseurs : la constance de notre activité, quels que soient les remous du marché. C'est ce que nous appelons notre rôle contracyclique, qui évite au marché de se déliter – ce fut le cas lors de la crise financière en 2007-2008, où OSEO est intervenu massivement pour soutenir les tours de table via les garanties et les prêts, et après la chute brutale du capital-risque à la suite de l'éclatement de la bulle Internet.

Pour répondre à votre observation, Bpifrance a notablement simplifié la gamme des produits. Le challenge pour nous est d'avoir une gamme de produits simplifiée et transparente tout en proposant des produits adaptés aux différents besoins des entreprises. Si nous gérons un fonds d'investissement spécialisé dans la filière automobile, c'est bien parce que celle-ci a des besoins particuliers.

Nous avons aussi effectué un important travail en vue d'améliorer la présentation de l'offre. En outre, nos 42 implantations en régions permettent aux entrepreneurs de rencontrer nos chargés d'affaires pour obtenir des réponses adaptées leurs besoins. Cette entrée commerciale unique au niveau des régions simplifie la vie des entrepreneurs. Nous avons d'ailleurs lancé l'année dernière une grande étude de satisfaction clients, que nous allons renouveler tous les ans.

La doctrine d'intervention de Bpifrance ne diffère pas d'une région à un autre. Par contre, nos partenariats avec les régions peuvent donner lieu à des produits spécifiques pour des régions données.

La doctrine ESG est inscrite dans la loi de création de Bpifrance. L'application de principes ESG dans le monde des entreprises est un facteur de compétitivité au regard de l'activité même de la société, mais aussi parce que de plus en plus de grands investisseurs internationaux souhaitent voir leurs allocations d'actifs orientées vers des actifs respectueux de la doctrine ESG et de la démarche RSE (responsabilité sociale des entreprises).

Dans la pratique, pour chaque opération d'investissement ou de financement, nous menons une analyse systématique ESG. Par ailleurs, en investissement notamment, nous prenons avec l'entrepreneur des engagements RSE sur les sujets qui nous semblent importants, comme la réduction de la consommation énergétique, la baisse des accidents du travail ou encore la mise en place d'administrateurs indépendants dans les conseils d'administration. Nous assurons un suivi de ces engagements.

Nous avons mené un important travail avec de nombreux partenaires pour redéfinir le cadre de l'innovation. Nous avons la volonté d'intégrer les nouvelles formes d'innovation – innovations sociales, de process ou d'usage –, tout en maintenant notre soutien à l'innovation technologique. Paul-François Fournier, notre directeur exécutif à l'innovation, pourra vous apporter des précisions sur ce point : sa direction regroupe en effet des activités de soutien à l'innovation – aides, avances remboursables, produits spécifiques de financement –, mais aussi d'intervention directe en capital-risque.

Pour la plupart de nos produits – à l'exclusion des produits d'aide à l'innovation ou d'avances remboursables que nous gérons pour le compte de l'État –, nous intervenons en cofinancement et co-investissement avec le marché. Notre rôle est, en effet, d'entraîner l'investissement ou le financement privé – base de la doctrine européenne –, ce qui fait de Bpifrance un opérateur de marché. Les règles ont évolué positivement : la Commission européenne a reconnu, dans le domaine du capital-risque, par exemple, que la part des financements privés pouvait se réduire à 30 % pour les investissements directs.

Nous ne nous substituons pas au marché : nous avons un rôle d'accompagnement et ne prenons jamais le risque de nous entendre reprocher par nos partenaires banquiers ou investisseurs de prendre des opérations à leur place. Nous sommes à la fois investisseurs minoritaires dans les fonds d'investissement privés, mais aussi investisseurs directs, et cette activité d'investissement dans les fonds privés permet d'attirer des partenaires pour investir en direct. Pour la partie financement, notre activité de garantie est très appréciée des banques. Ainsi, ce double effet de levier amène les opérateurs de marché sur des segments moins attractifs car plus risqués ou plus petits – les petits prêts sont peu rentables, par exemple.

Il nous arrive de connaître des échecs, faute d'investisseurs ou de financeurs privés. À titre d'exemple, après avoir décidé très tôt d'être investisseur dans un projet de fonds de fonds qui nous semble intéressant, nous ne trouvons pas toujours les investisseurs privés pour compléter le tour de table. Lorsque nous détectons de vraies failles de marché, où il est quasiment impossible de trouver des investisseurs privés, nous cherchons des solutions. C'est ainsi que nous gérons le Fonds national d'amorçage qui permet à la part publique dans les fonds d'être supérieure à 50 %, régime pour lequel nous avons obtenu l'accord de la direction générale de la concurrence.

Enfin, nous avons travaillé sur des programmes d'aides conformes aux nouvelles aides d'État. La dynamique du plan Juncker laisse augurer des évolutions de doctrines ; je note, par exemple, que le plafond « mid-cap » est passé de 250 à 3 000 salariés pour les PME, ce qui leur permettra de trouver des financements plus facilement. Nous étudions avec la Commission européenne et l'État les domaines dans lesquelles cette réglementation peut s'appliquer.

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