En ce qui concerne la loi de 1881 sur la presse, je crains personnellement qu'en en retirant certaines infractions, on ne remette entièrement en cause la prescription, à propos de laquelle Georges Fenech et moi-même sommes chargés de formuler un ensemble de propositions. La prescription de trois mois est déjà une exception ; la prescription d'un an, une exception à l'exception ; si l'on transfère des infractions de la loi sur la presse au code pénal, on passera à trois ans, et nous serons même amenés à formuler des propositions qui iront bien au-delà.
Ensuite, j'ai bien entendu toutes vos propositions, mais ce qui me mobilise aujourd'hui, c'est la défense de la communauté juive de France. Jamais l'antisémitisme n'a autant prospéré. Depuis plusieurs années, nous trouvons tout normal : les assassinats, avec l'affaire Halimi, les atteintes aux cimetières, les délits, les provocations, le climat même que subit cette communauté. C'est au point que le Premier ministre d'Israël vient à trois reprises, deux fois sur le territoire national, une fois depuis son pays, d'appeler à l'alyah, c'est-à-dire au départ de la communauté juive de France, ce qui ne pourra qu'accroître encore l'antisémitisme en faisant des Juifs de France des Français à part, alors qu'ils sont naturellement chez eux en France. Je suis extrêmement inquiet. Tout est banalisé. Qu'un ancien ministre des Affaires étrangères se permette de parler comme il l'a fait dernièrement est invraisemblable. On renoue avec les pires moments de Léon Daudet, de la Cagoule, de l'extrême droite française ! Une rupture s'impose. Monsieur le Défenseur des droits, est-ce l'un des éléments centraux de votre action ? Si oui, quels moyens comptez-vous mobiliser, quelles propositions comptez-vous formuler ?