Intervention de Gilbert Collard

Réunion du 18 février 2015 à 11h15
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilbert Collard :

Monsieur le Défenseur des droits, j'ai un respect infini pour votre fonction, qui est inscrite dans la Constitution, et qui constitue une avancée pour la défense des droits ; mais il me semble que, dans une démocratie, c'est le député qui doit être le défenseur légitime, naturel, des droits.

Vous parlez de « mieux organiser la gestion démocratique des foules ». Qu'entendez-vous par ce terme ? Faites-vous allusion à ce qui s'est passé lors des manifestations dites « de la Manif pour tous » ? Vous aviez considéré, je crois, que le fait d'avoir fait ôter des t-shirts portant la mention « Manif pour tous » constituait une atteinte à la liberté d'expression. Confirmez-vous ce point ? Y a-t-il eu des avancées dans ce domaine ? Je n'aurais pas évoqué cette question si vous n'aviez pas parlé d'« avachissement des valeurs ». Sur ce dernier point, je ne peux d'ailleurs que vous donner raison.

La liberté d'expression est totale, sauf dans des cas prévus par la loi – racisme, xénophobie, antisémitisme. Mais, au Parlement, un député qui dit « madame le président » est sanctionné ; vous-même l'avez été lorsque vous avez remis en question le passé résistant de François Mitterrand, et rappelé qu'il avait reçu la francisque. Aujourd'hui, les propos de Roland Dumas – parce que je le connais et que je reste, dans le souvenir, son ami – me désespèrent. Trouvez-nous normal de laisser passer de telles phrases, au moment où l'on prétend lutter contre la relégation, la ségrégation, le racisme et la xénophobie ? Vous avez rappelé, et vous avez bien fait, les propos insanes de Jean-Marie Le Pen ; mais vous étiez aux côtés de Jacques Chirac lorsqu'il parlait d'une famille immigrée avec « trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses », et qu'il ajoutait qu'avec « le bruit et l'odeur », « le travailleur français sur le palier [devenait] fou ». Que dirait, que ferait aujourd'hui le Défenseur des droits ?

Vous êtes devenu le Défenseur des droits : je m'incline devant cette fonction honorable. Mais, de grâce, ne venez pas nous parler d'avachissement des valeurs !

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