Nos éleveurs subissent la concurrence européenne et l'embargo russe, qui a provoqué un afflux de viande sur le marché européen, et nos abattoirs sont en difficulté. La filière porcine est en effet victime du dumping social pratiqué par l'Espagne et l'Allemagne et de l'embargo russe, qui a causé une perte de 150 millions à 200 millions pour la filière. Ainsi, plus de 1 000 élevages français ont disparu ces quatre dernières années. L'Union européenne est incapable de faire face aux crises et les fonds débloqués par la Commission, soit 344 millions, sont une goutte d'eau en regard des milliards perdus par l'agriculture et l'agroalimentaire français. Le secteur céréalier est également touché. Notre blé, de moindre qualité en raison des intempéries, est concurrencé par celui de l'Allemagne et de la Pologne. Quand allez-vous mener une grande politique de promotion de nos produits nationaux ? Prévoyez-vous une relocalisation des productions ? Quel modèle d'élevage défendez-vous, sachant que, l'an dernier, des projets inspirés du modèle américain ont vu le jour – je pense évidemment notamment à la « ferme des mille vaches » ? Faut-il y voir des signes précurseurs de ce que deviendra l'élevage français après la signature du traité transatlantique ?
Pour survivre, nos agriculteurs tentent, tant bien que mal, de se regrouper et se lient à des industriels dont le seul but est la rentabilité et la production à bas coût. La « ferme des mille vaches » est une conséquence de la décision de l'Union européenne de supprimer les quotas laitiers. La baisse des prix va mettre en péril un grand nombre d'exploitations, et il est à craindre que nombre d'entre elles ne disparaissent. Quant à la libéralisation du sucre, elle permettra au sirop de maïs américain, moins cher, de concurrencer nos betteraviers et producteurs de canne à sucre.
Vous nous préparez, je le crains, une agriculture sans paysans qui accentuera la désertification de nos territoires ruraux. Votre objectif est-il de créer une agriculture industrialisée ? Que comptez-vous faire pour permettre à nos agriculteurs de vivre de leur travail ? Je rappelle que, tous les deux jours, un agriculteur se suicide et que la première mission des agriculteurs est de nourrir la France.