Il se dit que la BCE attendrait, pour continuer les achats de titres, l'arrêt de la Cour de justice sur la requête allemande relative au Mécanisme européen de stabilité ; est-ce exact ? Vous nous avez expliqué que le partage des risques est la règle pour les opérations conventionnelles mais qu'il n'en va pas ainsi cette fois parce qu'il s'agit d'opérations non conventionnelles. Or, 80 % des rachats de titres seront faits par les banques centrales nationales. Certains économistes voient dans cette décision la balkanisation de la zone euro, chaque rachat de dette devenant une affaire nationale. Est-ce le début de la remise en cause de l'unité de l'euro ? Des mauvaises langues voient là une décision imposée par les Pays-Bas et l'Allemagne, qui expriment ainsi leur acceptation du bout des lèvres de ce programme étendu d'achats de titres.
En Grèce, l'objectif visé n'est-il pas en réalité de faire tomber le gouvernement ? En pensant que le nouveau gouvernement grec est dans l'impasse, on se trompe : il peut toujours ordonner à la Banque centrale grecque de lui fournir des euros. Cela conduirait au clash, et c'est ce à quoi on va parvenir si l'on continue de ne pas vouloir regarder la réalité rappelée par Pierre-Alain Muet : 40 % de baisse des revenus, un PIB en chute d'un quart et 50 % des jeunes au chômage des jeunes – sans compter ce qui risque de se passer en Italie, au Portugal et en Espagne. À quoi joue-t-on ? Nous sommes à la veille d'une crise monétaire institutionnelle en Europe, et je m'étonne que personne ne critique la position des Pays-Bas et de l'Allemagne telle qu'exprimée par l'Eurogroupe, alors même que la Commission européenne était prête à calmer le jeu en proposant un moratoire de quatre mois pour trouver des solutions. Aller au clash, c'est prendre le risque d'un choc systémique.