Intervention de Christian Noyer

Réunion du 17 février 2015 à 16h45
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France :

Nous n'avons pas davantage partagé les revenus et les risques des programmes 1 et 2 d'achat d'obligations sécurisées décidés en 2010 et en 2011. Tout dépend des circonstances, mais cela ne modifie en rien l'unité de la politique monétaire européenne.

Pour ce qui est de la rémunération du livret A, le bon niveau aurait été atteint en laissant s'appliquer la formule de calcul établie, qui conduit à un taux de 0,25 %. J'ai moi-même considéré, après en avoir parlé avec le ministre des Finances, que même si l'on souhaite mener une politique monétaire agressive, fixer le taux de rémunération à ce niveau risquerait de déstabiliser trop violemment les flux d'épargne. Alors que le rendement des assurances-vie en euro va inéluctablement diminuer, mais avec un effet retard, je pensais préférable de ne pas faire un saut aussi brutal, mais de lisser la baisse du taux. J'ai regretté la décision prise, qui me paraît empêcher toute évolution à la baisse des taux d'une série de crédits, ce qui fait obstacle à la transmission en France de la politique monétaire de la BCE.

Faute qu'il y en ait, nous avons racheté très peu d'ABS. Nous voulions favoriser les ABS de crédit aux PME, et nous avons commencé d'en acheter des nouveaux. Il est vrai que, ce faisant, nous prenons un risque de crédit aux entreprises qui n'est pas dans notre rôle habituel. Parce que ce risque est important, nous n'avons pris que les tranches les plus protégées, laissant les tranches plus rentables mais plus risquées à des fonds d'investissement privés. Pour amorcer au plus vite le programme d'achat, nous avions accepté de prendre aussi des ABS de crédits automobiles. Le plus gros des encours est celui de la titrisation de créance hypothécaire résidentielle – RMBS – aux Pays-Bas ; mais, pour l'instant, le démarrage d'ensemble de ce programme est très modeste, avec un volume d'achats compris, si je me souviens bien, entre 2 et 3 milliards d'euros. La Banque postale peut rejoindre les autres banques participant à l'opération si elle le souhaite. Ces titres ressemblent aux covered bonds : l'engagement de la banque sur le titre émis demeure, la garantie est apportée par les actifs et les titres ne sont pas tranchés ; le risque est global. L'outil peut être très utile aux financements entre acteurs de marché.

La remontée de l'inflation se fera comme je l'ai décrit : par l'effet de change ; par l'accélération de la relance de l'activité, l'augmentation du taux de croissance entraînant la tension sur les prix à mesure que les capacités de production inutilisées des entreprises baissent ; par les anticipations des agents économiques, car s'ils sont persuadés que l'inflation repart vers notre cible, la fixation des prix tend à se modifier. Si tout se passe bien, nous pensons atteindre notre cible à l'automne 2016 environ. En fonction des progrès réalisés, nous ajusterons le programme d'achat de titres, en augmentant ou réduisant les montants d'achats mensuels, et en allongeant ou en raccourcissant la durée du programme.

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