S'il n'y a pas de remontée brutale des taux, le rendement des contrats en euro baissera et les épargnants seront peu à peu incités à se reporter vers les placements en unités de compte, davantage liés au financement de l'économie, ce qui est l'un des objectifs recherchés. J'ai conseillé aux assureurs-vie de prendre soin de constituer une réserve : parce que leur stock d'obligations anciennes va se réduire inexorablement, ils doivent éviter de faire chuter brutalement à zéro les rendements qu'ils servent. Le risque vraiment dangereux pour les assureurs-vie serait la remontée du taux des obligations, qui créerait des moins-values. Ce n'est pas le cas pour le moment : il n'y a que des plus-values latentes. Nous ferons tout pour qu'il n'y ait pas de remontée brutale du taux des obligations, mais la constitution de réserves de précaution doit s'imposer aux assureurs-vie, tant pour leur permettre de lisser la baisse inéluctable des rendements que pour éponger des moins-values éventuelles. On peut à cette fin doter de montants plus importants la réserve de participation, qui permet d'étaler sur cinq ans ce que l'on rend aux assurés, à condition que cette réserve implicite soit contenue dans des limites acceptables. Considérant que l'obligation sera remboursée sur la durée du contrat, on n'est pas obligé de respecter complètement la valeur de marché au jour le jour (mark to market), à condition que le possesseur du titre puisse le garder jusqu'à l'échéance et que le crédit de l'émetteur ne soit pas sujet à caution. En cette matière, l'extrême prudence s'impose.