Intervention de Patrick Hetzel

Séance en hémicycle du 19 février 2015 à 9h35
Transformation de l'université des antilles et de la guyane en université des antilles — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Hetzel :

J’espère, madame la secrétaire d’État, que vous ne donnerez pas un coup de canif dans ce consensus. Si c’était le cas, il faudrait que vous vous en expliquiez, parce que je ne sais pas ce qui aurait pu se passer au cours de la nuit pour justifier un revirement aussi fondamental de la part de la majorité sur un sujet aussi essentiel ?

J’en viens aux questions que je souhaite vous poser.

Tout d’abord, quels sont les résultats de l’étude d’impact en ce qui concerne la gouvernance de la future université des Antilles ? Quelles seront les incidences sur les deniers publics ? La question se pose parce que, en créant une université de Guyane autonome, vous avez soustrait une partie des ressources de l’université des Antilles et de Guyane pour les affecter à l’université de Guyane, ce qui a ipso facto réduit les ressources de l’université des Antilles.

Quelle garantie donnez-vous à cette université pour lui permettre de fonctionner ? Avez-vous l’intention de rétablir son budget initial ? Encore une fois, je ne pense pas que l’on puisse attribuer à l’université des Antilles la responsabilité de cette scission, qui est due à d’autres phénomènes. Il ne serait pas souhaitable que nos collègues des Antilles fassent les frais de turpitudes gouvernementales.

Concernant la place de l’enseignement supérieur et de la recherche français dans l’espace que constituent les Antilles, la Guyane et les Caraïbes, quelle politique publique comptez-vous mettre en oeuvre pour faire en sorte que perdure le rayonnement de la France, qui est très largement assuré par l’université des Antilles ?

Notre collègue Marie-Jeanne a rappelé les propos que vous avez tenus dans cette assemblée lors de l’examen du texte relatif à l’enseignement supérieur et la recherche. Il serait paradoxal qu’en dépit de votre plaidoyer et du consensus obtenu autour du rassemblement des institutions universitaires, vous appliquiez une autre doctrine. Nous ne le comprendrions pas.

Le fameux « ticket à trois » – un président et deux vice-présidents pouvant se présenter à la présidence de l’université – fait le pari de la confiance entre les acteurs. C’est un pari tout à fait pertinent puisqu’il nécessite un accord ex ante et non un accord ex post.

En conséquence, le groupe UMP ne pourra que voter contre les amendements du Gouvernement qui, selon nous, sont de nature à rompre l’équilibre trouvé dans ce texte, équilibre basé sur la stabilité et la cohésion.

Il y a évidemment une certaine autonomie des pôles, mais elle doit être négociée. Elle ne peut être bâtie sur l’opposition des uns contre les autres, mais être le fruit de la discussion des uns avec les autres. C’est une vision inclusive et non exclusive qui a été privilégiée, parce que l’université, tout comme l’État, se doit d’être une et indivisible.

Je ne voudrais pas vous paraître trop insistant mais je vous rappelle que l’origine même du terme « université » fait référence à l’universalisme. Il serait paradoxal, alors que nous portons un nouvel établissement sur les fonts baptismaux, de privilégier non pas l’universalisme mais le localisme. Ce serait totalement antinomique, à la fois avec la philosophie universitaire et avec tout ce que vous-même avez défendu, madame la secrétaire d’État. À cet égard, les propos de notre collègue Marie-Jeanne étaient fort éloquents.

J’en viens à une autre question que nous avons posée en commission et qui concerne le contrôle qui sera exercé par l’État sur cet établissement : qui assurera la chancellerie des universités ?

Enfin, adopter ce texte conforme permettra à l’établissement de fonctionner rapidement, ce qui va dans le sens de l’intérêt général. Ce qui est en jeu, c’est une communauté universitaire, le devenir des étudiants et leur insertion professionnelle. C’est la raison pour laquelle, plus que jamais, je pense qu’il est nécessaire de maintenir le consensus qui a été dégagé par le Sénat et conforté hier en commission. J’espère que, dans les minutes qui viennent, vous ne chercherez pas à rompre ce consensus. Ce serait aller aux antipodes de l’intérêt général.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion