Intervention de Geneviève Fioraso

Séance en hémicycle du 19 février 2015 à 9h35
Transformation de l'université des antilles et de la guyane en université des antilles — Discussion générale

Geneviève Fioraso, secrétaire d’état chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche :

Je tiens à remercier M. Marie-Jeanne d’avoir évoqué avec honnêteté et franchise les dysfonctionnements observés. Certains faits, graves, sont en cours de jugement. L’actuelle présidente de l’université des Antilles avait été menacée et nous l’avions, à l’époque, soutenue avec détermination. Vous aviez d’ailleurs dénoncé ces faits à l’époque, monsieur Marie-Jeanne.

Les dysfonctionnements portaient également sur l’attribution de postes pour la Guyane et la Guadeloupe. D’où notre décision, dès l’apparition des premiers troubles et des premiers blocages en Guyane, de nommer un médiateur expérimenté, Christian Forestier, à qui je veux également rendre hommage. Son intervention a conduit à la création de l’université de Guyane, que nous avons voulu créer rapidement.

Il était essentiel de parvenir à un bon équilibre entre, d’une part, la concertation, qui est nécessaire, et, d’autre part, la mise en place d’un enseignement supérieur et d’une recherche efficaces, au service de l’intérêt général. Dans les territoires des Antilles et de la Guyane, les chiffres sont terribles – vous avez été nombreux à les rappeler – en matière de chômage des jeunes et de qualification – ou plutôt d’absence de qualification. C’est à cette situation que nous devions apporter des réponses efficaces.

C’est la raison pour laquelle nous avons créé l’université de Guyane le 1er janvier de cette année et recouru à des ordonnances qui ont fait l’objet d’une concertation. Elles ont été approuvées par le comité technique, les acteurs universitaires, mais aussi par les acteurs politiques très engagés dans les projets de ces deux universités.

Monsieur Marie-Jeanne, s’agissant de l’université des Antilles, vous avez plaidé avec conviction en faveur d’un dispositif permettant l’alternance dans la gouvernance. Malheureusement, un tel dispositif serait anticonstitutionnel. C’est pourquoi je présenterai, dans quelques instants, un amendement au nom du Gouvernement. L’alternance est souhaitable ; en parvenant à un bon équilibre sur ce point, nous réussirons à apaiser la situation.

Plusieurs orateurs ont évoqué la question des moyens. Monsieur Hetzel, la solution la moins onéreuse pour les deniers publics est celle qui permet aux enseignants-chercheurs et aux étudiants de travailler en toute sérénité. Chacun a pu constater que la sérénité n’était pas au rendez-vous en 2012 et en 2013, en raison de la situation que nous avions trouvée et dont nous n’étions pas à l’origine.

La création de l’université de Guyane s’est accompagnée de garanties : soixante postes seront créés sur quatre ans. Par ailleurs, le droit d’option qui permet aux enseignants-chercheurs de choisir leur université a permis de dégager, en solde net, vingt-six postes pour l’université des Antilles. Des moyens nouveaux seront donc bel et bien dédiés à l’université des Antilles. Il est important de le rappeler.

En conclusion – provisoire, puisque nous allons encore débattre sur un certain nombre d’amendements –, je rappelle que l’on ne crée pas une université, que l’on ne procède pas à un regroupement contre la volonté des communautés universitaires. Nous avons voulu tenir compte du bilan de l’université des Antilles et de la Guyane et des difficultés auxquelles elle a été confrontée, auxquelles nous avons voulu mettre un terme, au nom de l’intérêt général.

On ne peut pas non plus demander un engagement financier aux collectivités territoriales sans tenir compte des sensibilités qu’elles expriment. Là aussi, il a fallu trouver un équilibre.

Pour ma part, je promeus une vision universaliste des missions de l’université,…

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