Intervention de Jérôme Fournel

Réunion du 20 novembre 2012 à 18h00
Délégation aux outre-mer

Jérôme Fournel, directeur général des douanes et des droits indirects :

Les déclarations des contribuables exonérés sont d'ores et déjà plus simples.

On peut concevoir, monsieur Hanotin, des différenciations géographiques, sociales ou environnementales, ou d'autres encore combinant ces critères entre eux : l'octroi de mer pourrait ainsi devenir un instrument d'innovation fiscale ! Il n'y a pas de raison, a priori, pour que la Commission rejette l'idée d'une différenciation entre les produits, selon qu'ils sont importés de pays appartenant ou non à l'Union, à condition que cela ne contrevienne pas à certains accords commerciaux signés par cette dernière. Un tel dispositif reviendrait en effet à instaurer une forme de tarif extérieur commun qui en l'occurrence n'aurait rien de commun puisqu'il serait spécifique aux outre-mer. La question est donc sensible.

S'agissant de la différenciation par pays, le risque est le même que pour la différenciation par critères sociaux ou environnementaux : la Commission pourrait objecter que cela change l'objectif de l'outil fiscal, dont les spécialistes disent qu'il doit précisément se limiter à un seul objectif. En d'autres termes, la Commission pourrait nous demander les motifs de cette compensation par rapport à tel ou tel pays – sachant qu'à La Réunion, les importations chinoises arrivent en troisième position, avec 305 millions d'euros –, et au regard de l'objectif sous lequel nous défendons l'octroi de mer auprès d'elle, à savoir le développement économique local. Bref, la Commission pourrait nous reprocher de « broder » autour du dispositif des éléments qui lui sont étrangers.

Lorsque le produit importé répond à certaines normes, notamment sociales ou environnementales, sa labellisation est mise en avant avec la déclaration à l'importation. Or l'octroi de mer est déjà très complexe : si l'on accroît encore cette complexité, en introduisant des critères géographiques, sociaux ou environnementaux – tels que le mécanisme d'inclusion carbone –, il est à craindre que les redevables comme les bénéficiaires y perdent leur latin. L'idée n'est donc pas inenvisageable au plan juridique, mais elle risque de créer de la complexité et de la confusion sur les objectifs.

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