Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du 19 février 2015 à 15h00
Motion de censure

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

et qu’il faut changer radicalement de cap pour qu’elle puisse relever le défi de la mondialisation. Prenez vos responsabilités en assumant enfin vos convictions, celles que vous défendiez lors la primaire socialiste, celles en lesquelles vous croyez, les idées que vous considériez comme justes et efficaces. Prenez vos responsabilités et prenez les décisions qui s’imposent pour le pays, en vous affranchissant des intérêts de votre famille politique, avec un seul horizon : la France, et non les échéances électorales à venir.

Soyez responsable, en répondant de vos actes et de vos échecs, vous qui disiez devoir l’efficacité aux Françaises et aux Français. Le chômage continue d’exploser, les entreprises continuent de fermer, le pouvoir d’achat est en berne, la dette et les déficits ont un poids toujours plus lourd, plus écrasant, la croissance est en panne, l’absence de confiance ronge la France, qui se réfugie dans la colère ou dans l’indifférence, et dont la défiance se traduit par le vote extrême et l’abstention. Élection après élection, le Front national et l’abstention ne cessent de progresser.

Soyez responsable, enfin, en vous imposant un devoir de vérité et un devoir de sincérité. Pourquoi exercer le pouvoir si vous n’êtes pas en mesure de relever les défis immenses qui sont lancés à la France ?

Alors, je vous le dis, vous prenez le risque d’aggraver la crise morale qui nourrit la défiance vis-à-vis de la parole politique. Ne vous réfugiez pas derrière la Constitution pour poursuivre votre fuite en avant. Ne tentez-vous pas de rassembler votre majorité, ou du moins ce qu’il en reste, contre la motion de censure, à défaut de pouvoir la rassembler autour d’un projet cohérent et courageux ? Monsieur le Premier ministre, n’êtes-vous pas, quelque part, l’otage de votre majorité ? Cette question est fondamentale car l’ampleur des défis que la France se doit de relever est historique. Nous devons les affronter la tête haute et le regard droit. Nous devons avancer sans boulets au pied.

Nous le devons à la France, qui a peur des lendemains. Je pense ici à toutes ces familles qui ont du mal à joindre les deux bouts, que des fermetures d’usines, des licenciements brutaux, des délocalisations sauvages ont brisées ou qui vivent tous les jours dans la hantise du chômage. Nous le devons aux Françaises et aux Français qui se désespèrent de voir que leur pays est incapable de se réformer en profondeur, et qui sont partagés entre la peur de l’inconnu et leur espoir que la France puisse encore compter dans ce monde en pleine mutation.

Vous prétendez qu’il n’existe pas de majorité alternative à la vôtre. Ce n’est pas la vérité. Sur tous ces bancs, nous le savons, il y a des hommes et des femmes prêts à prendre les décisions vitales et urgentes pour sortir de la crise. Nous savons toutes et tous quelles sont ces décisions. Nous savons toutes et tous que les désaccords sur ces mesures sont plus liés à des postures, à des promesses de campagne ou à des considérations politiques qu’à un désaccord de fond.

Oui, il y a des hommes et des femmes prêts à préparer l’avenir avec la réforme de l’État et des collectivités territoriales – certainement pas celle qui est en train d’être débattue dans l’hémicycle –, mais aussi la réforme de la protection sociale et de la santé, la réforme du paritarisme, la transition écologique, la valorisation de la ressource humaine de notre nation. Ce sont autant de chantiers qu’il est urgent de lancer.

Oui, il y a des hommes et des femmes qui souhaitent ardemment retisser un lien avec les Français et les Françaises, et associer, mobiliser, fédérer toute la nation de manière à mettre en place une nouvelle méthode de gouvernance. Cette méthode de travail, monsieur le Premier ministre, reposera sur le dialogue social, la consultation, afin de tirer profit des expériences et des expertises. Elle s’appuiera sur l’écoute, le compromis, le rassemblement le plus large possible, en dépassant les considérations partisanes et corporatistes, pour engager les transformations profondes dont notre pays a tant besoin. Elle encouragera la proximité, l’échange de bonnes pratiques, elle préférera le contrôle et l’évaluation à la multiplication incessante des normes, qui paralyse toutes les initiatives.

Oui, monsieur le Premier ministre, il y a une majorité alternative, faites de femmes et d’hommes qui veulent prendre leurs responsabilités. Ne voyez pas dans votre impuissance celle de la politique tout entière.

C’est en ce sens que j’affirme, au nom du groupe UDI, que son soutien à la motion de censure présentée aujourd’hui ne relève pas d’une démarche politicienne.

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