Intervention de Jean-Marc Germain

Séance en hémicycle du 29 novembre 2012 à 9h30
Création de la banque publique d'investissement nomination des dirigeants de bpi-groupe — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Germain :

Mais ils savent qu'il n'a pas été fait ce qu'il fallait pour y faire face. Les Français ne nous ont pas élus pour exprimer des remords sur le passé, mais pour que nous trouvions des solutions pour l'avenir. Après le temps de la réparation et de la préparation qui nous a mobilisés cet été, est venu le temps des solutions.

Le temps des solutions pour régler les deux dysfonctionnements du marché du travail de notre pays, le chômage des jeunes et des seniors : les emplois d'avenir sont entrés en vigueur au début du mois, 150 000 emplois pour apporter une première expérience et une qualification aux jeunes qui en sont dépourvus ; les contrats de génération ont donné lieu, il y a quinze jours, à un accord unanime des partenaires sociaux ouvrant la voie à leur mise en oeuvre rapide, dès le début 2013, avec 150 000 emplois et 500 000 à terme.

Le temps des solutions pour la compétitivité : hier, tard dans la nuit, nous avons adopté en commission des finances le crédit d'impôt compétitivité emploi, soit 20 milliards d'euros pour permettre aux entreprises d'investir dans la recherche, dans l'innovation, dans le développement des compétences. C'est là que se joue la vraie compétitivité.

Je me réjouis, monsieur le ministre, que vous ayez choisi d'agir avec une grande rapidité en nous soumettant ce texte dès l'examen du projet de loi de finances rectificative pour 2012. Ce sont trois mois de gagnés qui nous seront précieux, les derniers chiffres du chômage sont là pour le rappeler à ceux qui en doutaient.

Au changement d'échelle radical dans la politique de l'emploi, avec 650 000 contrats aidés qui s'ajouteront aux 400 000 existants et à une aide puissante à la compétitivité des entreprises, nous ajoutons aujourd'hui la troisième pièce de notre dispositif anti-chômage, tout aussi essentielle : la Banque publique d'investissement.

La crise a montré – ce qui était une évidence pour certains depuis longtemps et qui a été une découverte pour d'autres – que si l'économie administrée n'a pas fait la preuve de son efficacité, l'économie sans administration a conduit dans le mur, à la tyrannie du court terme, à la mainmise de la finance, à la course aux délocalisations aussi anti-économique qu'anti-écologique et anti-sociale. La Banque publique d'investissement, c'est le bras armé qui manquait à l'État pour donner une direction à l'économie française.

Cette direction, d'autres l'ont dit avant moi, dont notre rapporteur que je salue pour la qualité de son travail, consiste d'abord à doter notre pays du tissu d'entreprises de taille intermédiaire qui fait la force de l'Allemagne et qui manque tant à la France. Cette direction, c'est aussi investir dans les filières d'avenir : les textiles techniques et innovants, les biotechnologies, les technologies environnementales. Il y a dans les pôles de compétitivité de nos territoires des milliers de pépites qui sommeillent ; aidons-les à investir, à croître, à se développer à l'international.

Je souhaite que la BPI soit un investisseur avisé, mais aussi qu'elle prenne des risques, qu'elle fasse des paris sur l'avenir. Sinon à quoi servirait-il de mobiliser de l'argent public ? Des investisseurs plan-plan, il y en a pléthore ; des investisseurs qui accompagnent la prise de risque, c'est-à-dire des projets qui nécessitent d'être accompagnés dans la durée avant de produire leurs fruits, il en manque cruellement.

Pour moi, il n'y a pas d'un côté les secteurs d'avenir et ceux qui seraient voués à disparaître, les oiseaux vertueux et les canards boiteux. Je suis ainsi favorable à ce que si l'Europe retient le site de Florange pour le projet LUCOS, la BPI participe à ce projet industriel car oui, je crois qu'avec les nécessités environnementales, la hausse des coûts de transport, le raccourcissement des délais de production et les exigences croissantes de customisation, il y a une place en France pour toutes les industries, sidérurgie comprise.

Chers collègues, M. le ministre nous a appelés tout à l'heure à un large soutien sur ce texte. Il a raison car celui-ci devrait tous nous réunir, il en va de l'intérêt de la nation.

Permettez-moi, pour conclure, de rappeler que le général de Gaulle avait dit en son temps qu'un pays qui a 365 fromages ne peut pas perdre la guerre.

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