Madame la présidente, monsieur le ministre, chers collègues, je suis particulièrement heureuse de prendre la parole à l'occasion de ce débat consacré à la Banque publique d'investissement. Engagement de campagne du Président de la République, cette réforme est indispensable à la croissance des entreprises françaises, donc à l'emploi.
En France, l'économie est en berne, nos PME et nos TPE ne trouvent plus les capitaux nécessaires sur les marchés financiers. Dotées de fonds propres trop fragiles et d'une trésorerie trop faible, elles sont aussi trop souvent plombées par des prêts bancaires nantis sur les seuls biens personnels et familiaux des chefs d'entreprise, et n'ont pas la puissance nécessaire pour l'économie d'aujourd'hui. C'est pour cela qu'elles restent petites, bien trop petites. Comment expliquer en effet que la France ne dispose que de 650 entreprises indépendantes de plus de 500 salariés alors que l'Allemagne en compte au moins 2 500 et l'Italie 3 300 ?
Oui, monsieur le ministre, la création de la Banque publique d'investissement va donner enfin le souffle nécessaire à notre économie car c'est justement en période de crise qu'il faut investir, massivement et clairement, investir aux côtés et avec ceux qui font confiance à l'avenir et ne pleurent pas un monde défunt ni ne se satisfont d'une décroissance qui ne les concernerait pas personnellement ! La BPI est liée pour moi aux entreprises industrielles qui n'arrivent pas à décoller alors qu'elles ont de beaux projets, aux jeunes pousses innovantes, souvent technologiques – mais pas seulement – qui manquent de puissance pour aller très vite sur les marchés mondiaux, aux entreprises matures dont productions et marchés sont bien solides et qui pourtant ne peuvent grossir faute de sécurité pour leurs fournisseurs comme pour leurs clients.
Pourquoi une banque publique ? Pourquoi ne pas laisser les marchés financiers faire leur métier d'investisseur, comme on l'entend trop souvent ? Ce devrait pourtant être leur travail. Or il nous faut bien considérer que le monde de la finance n'y va qu'à coup sûr, lorsque la preuve de concept est là et que les marchés ont déjà accordé 1 million voire 2 millions. C'est trop souvent « en centrale », ce qui signifie pudiquement « dans les bureaux à Paris », où le monde bancaire est bien frileux pour l'économie réelle, que les refus tombent. J'observe d'ailleurs qu'il y a quelques minutes, un élu UMP a seulement noté la présence dans cet hémicycle d'élus régionaux comme si, pour l'UMP, Paris était la France et le reste la province. C'est une philosophie intéressante… que nous ne partageons pas.
AIors même que les besoins de réactivité, de fiabilité, de traçabilité, de technicité et de sécurité sont de plus en plus forts chez nos concitoyens et chez nos entreprises, nos PME n'avaient pas jusqu'à présent accès aux capitaux pour investir dans le matériel et les emplois nécessaires. Ce sera désormais possible avec la BPI car, avec elle, la France se dote des moyens d'agir au niveau que nécessite notre pays, notre économie et nos travailleurs, c'est-à-dire au niveau régional avec une puissance nationale. Il était temps ! Il est temps !
Avec la BPI, nous changeons enfin d'échelle car jusqu'alors, c'était seulement OSÉO, les sociétés de capital-risque locales, généralistes ou technologiques, et les Régions qui faisaient seules, ou presque, ce travail : celui-ci sera maintenant décuplé. Il était temps de mettre de la puissance dans le système et vous avez confirmé ici, monsieur le ministre, que l'État a vu et compris qu'il fallait approfondir la voie de la proximité en allant au niveau régional, et je vous en remercie car cela redonnera de la force aux réseaux locaux des banques nationales, réseaux dont les décisions étaient jusque-là souvent prises en centrale, à Paris. Ils savent apprécier la qualité et la force des projets sur leur territoire et ne se contentent pas de remplir des tableaux Excel pour les qualifier et dire oui ou non à un jeune qui se lance, à un patron qui investit, à un salarié qui reprend son entreprise. Car il s'agit ici d'économie réelle, d'argent réel, pas des finances mathématisées d'une économie mondiale virtualisée.
Je parle ici d'expérience, monsieur le ministre, car dans ma région, à Montpellier, c'est grâce à des dispositifs locaux, telle la société de capital local Soridec, au réseau d'investissement dans les jeunes pousses Crealia et aux plates-formes d'initiative locale pour tout ce qui est beaucoup plus local encore, que des hommes et des femmes entreprenants trouvent écoute et efficacité. Et ça marche ! La région y a ajouté récemment le fonds JEREMIE négocié avec l'Union européenne : et ça marche !
Oui, il faut redonner confiance à notre pays, monsieur le ministre, et bien sûr investir en période de crise pour être prêt, et dès maintenant, quand la machine économique mondiale repartira. C'est forte d'une expérience acquise sur les territoires, vous l'aurez remarqué, que je vous remercie de la création rapide de notre banque publique d'investissement nationale qui décuplera les moyens financiers pour notre économie et nos entreprises, et donc pour l'emploi.
J'espère que la BPI sera bien un levier supplémentaire pour notre économie, et qu'à ses côtés le monde bancaire saura accroître son effort en donnant plus de pouvoir à ses propres leviers locaux de décision pour que nos entreprises, partout, puissent croître et s'inscrire dans l'économie d'aujourd'hui, qui est tout à la fois locale et internationale. Oui, la BPI est un enjeu stratégique et nécessaire. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SRC.)