Je m'interroge aussi sur le risque que la fusion ne donne naissance à un « machin », pour reprendre le mot du ministre. C'est ma crainte : qu'on aboutisse à un vrai « machin », lourd, complexe et loin de l'efficacité que vous souhaitez, comme nous, atteindre. Cette efficacité reste en effet à prouver. La volonté que certains de nos collègues ont montrée en commission des finances de développer dans l'article 1er toutes les compétences – un véritable catalogue ! – que pourrait avoir la Banque illustre bien les confusions vers lesquelles on peut se diriger.
Deuxième remarque : la difficulté qu'il y aura à fusionner. Parce que ce sera long, monsieur le ministre ! Vous aurez beau réunir un conseil d'administration dès janvier, il faudra ensuite fusionner toutes les équipes. Il y aura des conflits sur les postes, des traditions, des habitudes, des cultures incontestablement différentes d'une entreprise à l'autre, et cela ne se fera pas en trois mois que de les faire marcher toutes ensemble.
Je ne suis pas par ailleurs opposé à l'idée que les conseils régionaux soient représentés dans la Banque. Toutefois, cela fait courir le risque de se focaliser sur les entreprises en difficulté, sujet auquel les élus locaux sont en permanence confrontés, plutôt que de s'orienter vers les entreprises qui ont besoin d'un bon coup de main pour devenir demain les chefs de file de l'économie française.
Enfin, souvenez-vous du sort de la dernière grande banque publique française, le Crédit lyonnais. Tout le monde s'en souvient – les contribuables surtout… C'est une erreur à ne surtout pas renouveler.
Nous verrons dans le cours du débat les réponses qui seront apportées à ces préoccupations. Votre projet sera évidemment adopté. Je ne peux que souhaiter pour ma part que cela fonctionne, dans l'intérêt des entreprises. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)