La volonté, c'est soutenir l'audace de ceux qui veulent oser. Les moteurs de cette audace sont nombreux : recherche, modernisation de l'outil de travail, exportation… Tout cela a un coût. Notre devoir est d'aider à le financer.
Les systèmes bancaires classiques sont frileux, et il faut concéder que les règles issues des accords de Bâle III ne les aident pas. Or, notre économie se meurt de la prudence de ceux qui devraient la soutenir. La croissance, déjà en berne depuis plusieurs années, peine à redécoller. Le chômage a atteint des scores historiques. La dette a explosé et son poids limite nos capacités d'action. Cette situation est la conséquence directe des politiques menées ces dix dernières années. Mais là n'est pas mon propos.
Face à ce triste constat, nous refusons la tentation du renoncement. La faillite est annoncée comme seule perspective par les oracles des magazines prétendument avertis et les agences de notation à la mine affûtée pour blesser et casser les énergies. Il est temps de les faire mentir.
Encourageons, soutenons, stimulons les Françaises et les Français dans leur créativité et leur envie d'entreprendre. Je sais toute l'énergie dont font preuve ceux qui produisent, ceux qui créent, ceux qui inventent. Pour gérer moi-même plusieurs PME, je connais toute la vitalité des femmes et des hommes qui sont engagés dans cette aventure, au service du progrès sur l'ensemble du territoire.
Malheureusement, trop de compétences sont gâchées faute pour notre pays de s'être doté des outils appropriés pour mettre en mouvement les forces créatrices de notre économie. En somme, le carburant – j'entends par là les salariés et les capitaux – existe, mais il n'est pas délivré et le moteur de la France est grippé.
François Hollande l'a d'ailleurs bien compris et ce n'est pas un hasard s'il a fait de ce projet le premier de tous ses engagements. Il faut prendre toute la mesure de ce choix. Car, dans la période mouvementée que nous traversons, la création de la Banque publique d'investissement constitue bien la figure de proue qui doit permettre à notre pays de mettre le cap sur le redressement économique et la croissance. Viendra ensuite le temps d'une redistribution plus juste, dont notre nation a amplement besoin.
Le projet de loi qui est soumis à notre examen est un des piliers de la politique de changement engagée par notre majorité. Je vois trois raisons principales d'y croire.
Tout d'abord, et c'est essentiel, la BPI se donne clairement pour objectif d'offrir aux entreprises innovantes les conditions de s'épanouir économiquement. Faire le pari de l'innovation constitue un parcours du combattant pour la ou le chef d'entreprise. Les banques traditionnelles et le marché en général rechignent de plus en plus à financer des projets basés sur des techniques nouvelles, encore au stade embryonnaire, car les retombées sont difficiles à évaluer, le temps de maturation difficile à prévoir. Dans la situation actuelle, les financeurs préfèrent se concentrer sur des valeurs sûres. Pourtant, nous avons besoin d'innovation, nous avons besoin d'imaginer demain pour ne pas stagner, pour soutenir notre pays dans un monde en perpétuel mouvement. Ce besoin social, que le marché seul ne peut satisfaire, la BPI se propose de l'assumer en accompagnant les entreprises innovantes qui peinent à décoller faute d'investissements.
Ma deuxième source de satisfaction quant à ce projet tient à son architecture même. En effet, le Gouvernement a fait un choix équilibré, avec un accès au niveau régional mais sans renoncer à la stratégie globale. Il faut le saluer, dans un pays jacobin, avec ses excès centralisateurs mais aussi avec les limites du tout local. En proposant aux entreprises un guichet unique en région, la future BPI s'assure de toucher en priorité les plus petites entreprises, TPE, PME et ETI – celles-là même qui en ont le plus besoin et qui peuvent être découragées devant ce qu'elles perçoivent comme la jungle administrative.
Mon dernier point et je m'arrêterai là, même si je pourrais encore continuer la liste des satisfecits, concerne l'ambition affichée par la future BPI de pousser les entreprises françaises à l'exportation. Cet axe est primordial tant nos faiblesses sont grandes de ce côté-là. Notre balance commerciale est largement déficitaire. Nos PME ne sont pas armées pour l'économie mondialisée dans laquelle nous sommes lancés de façon irréversible. En chapeautant à la fois des structures d'aide à l'export comme Ubifrance et des dispositifs de financement pérennes, la future BPI apportera une solution complète et audacieuse aux entreprises françaises qui veulent tenter l'aventure à l'international. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)