Intervention de Philip Cordery

Séance en hémicycle du 29 novembre 2012 à 9h30
Création de la banque publique d'investissement nomination des dirigeants de bpi-groupe — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilip Cordery :

La création de la Banque publique d'investissement est une bonne nouvelle pour l'avenir des Françaises et des Français. Elle constitue un élément essentiel de la stratégie globale du Gouvernement pour réorienter la politique économique et redresser notre pays dans la justice.

Le chômage, les inégalités, l'exclusion n'ont cessé de croître ces dix dernières années. Les gouvernements de droite ont laissé notre tissu industriel à l'abandon, négligé nos petites et moyennes entreprises et laissé des milliers de Français dans l'impasse.

Jamais nous ne nous satisferons de trois millions de chômeurs. Ce ne sont pas de statistiques mais de vies humaines dont on parle, de situations personnelles, familiales, toutes plus terribles les unes que les autres.

Nous le savons, le seul moyen d'inverser la courbe du chômage est la reprise de la croissance grâce à une politique volontariste de relance par l'investissement. Le Gouvernement s'y attelle.

La Banque publique d'investissement, en facilitant le financement et donc le développement des entreprises, notamment les plus petites, est un outil précieux au service du redressement productif et de l'emploi. En effet, les entreprises de taille intermédiaire, les petites et moyennes entreprises et les très petites entreprises sont les premiers pourvoyeurs d'emploi en France. Mais ce sont elles qui souffrent le plus cruellement de la crise, l'accès au crédit leur étant très difficile.

Au-delà de ces problèmes conjoncturels, l'économie française doit faire face à deux faiblesses structurelles majeures.

La première est le manque d'ETI dans le tissu économique : contrairement au Mittelstand allemand, nos entreprises de taille moyenne sont trop peu nombreuses alors que ce sont les plus dynamiques en termes de croissance, d'emploi et d'exportation. La BPI pourra y remédier.

La seconde est leur faible niveau d'internationalisation, qui s'explique, malgré les efforts d'Ubifrance, par la mauvaise connaissance de l'étranger, la complexité des dispositifs et l'absence de réseaux. C'est sur ce dernier point que je voudrais m'arrêter.

La BPI propose une série d'outils pour encourager et aider les entreprises à travailler à l'international. Je m'en félicite. Cet accompagnement permettra d'améliorer les chiffres de notre commerce extérieur, de conquérir de nouveaux marchés et de soutenir le développement des entreprises.

C'est dans ce cadre que je propose d'ajouter une dimension transfrontalière à la BPI.

La France métropolitaine partage 2 889 kilomètres de frontières terrestres avec ses huit voisins. Les régions frontalières représentent 20 % du territoire. Plus de 10 millions de nos concitoyens y vivent. Mais, malgré la libre circulation des biens, des services et des personnes et la liberté d'établissement, les entreprises installées aux frontières pâtissent encore de la complexité des dispositifs et du manque de concertation entre les institutions administratives et financières des deux côtés de la frontière.

Malgré la proximité géographique, malgré l'intégration européenne, l'effet frontière est réel. Les échanges restent fragmentés. Les PME ne connaissent pas assez les perspectives économiques qu'offrent les pays voisins.

Une stratégie de coopération transfrontalière prend dès lors tout son sens en vue de développer l'internationalisation des PME françaises. Elle pourra s'inscrire dans le cadre plus large des coopérations régionales existantes, comme par exemple le GECT Flandre-Dunkerque-Côte d'Opale, l'Eurométropole Lille-Tournai-Courtrai, la Grande région ou encore les Eurorégions franco-espagnoles. La BPI, en facilitant, à travers ses antennes régionales, le développement des PME dans ces zones frontalières, contribuera à créer de nouveaux emplois dans des régions particulièrement touchées par la crise industrielle.

Cette stratégie transfrontalière permettra également de mobiliser les financements d'institutions financières étrangères pour les PME et ETI françaises. Des partenariats avec le KfW allemand, comme c'est déjà le cas avec OSÉO, ou la Sowalfin et la PMV en Belgique, la SNVI luxembourgeoise, ICO en Espagne ou MCC en Italie, faciliteront la mise en réseau d'entreprises des deux côtés de la frontière et ouvriront ainsi de nouveaux marchés à nos PME. Vous le voyez, cette dimension transfrontalière apportera un véritable « plus » aux objectifs ambitieux de la BPI.

Pour conclure, la création de la BPI, qui célèbre le retour de l'intervention publique et met, comme le disait M. le ministre, la finance au service de l'économie réelle, est une chance pour nos entreprises, une chance pour l'emploi et une chance pour nos concitoyens.

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