Intervention de Christophe Borgel

Séance en hémicycle du 29 novembre 2012 à 9h30
Création de la banque publique d'investissement nomination des dirigeants de bpi-groupe — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Borgel :

Madame la présidente, monsieur le ministre, madame la rapporteure, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, la BPI, c'est la marque d'une majorité qui prend à bras-le-corps le redressement, et d'abord celui de notre outil productif, de notre industrie ; c'était, on s'en souvient, la proposition n° 1 du candidat François Hollande. La BPI, c'est la marque d'une majorité qui sait que, pour redistribuer des richesses, le moyen le plus sûr, c'est d'en créer. La BPI, c'est la marque d'une majorité qui ne fait pas preuve d'une confiance aveugle à l'égard des marchés et qui veut donner à l'État les moyens d'une stratégie industrielle, d'une stratégie pour notre tissu de PME et d'ETI.

Je ne rappelle pas les chiffres sur la situation de notre industrie. Nos rapporteurs l'ont fait excellemment au début de notre discussion.

C'est d'abord pour ce tissu de PME que nous voulons la création de cette banque publique d'investissement. Nous savons malheureusement que le système bancaire répond trop souvent négativement aux demandes de financement des entreprises, nous savons qu'il est réticent à prendre des risques. Le président Carrez, dans son intervention, a souligné que les outils existants agissaient dans le bon sens ; je veux lui répondre en soulignant le caractère insuffisant de cette action.

Qui sur ces bancs n'a pas rencontré dans sa circonscription une PME qui, faute de financement, faute d'accompagnement, était bloquée dans son développement pour l'innovation, pour l'export ? Rapporteur du budget de la recherche industrielle, je ne compte plus les témoignages, les exemples de PME qui ont souligné ce manque d'ambition de nos banques, et la crise n'a pas amélioré cette réalité. Les deux tables rondes que nous avons organisées avec des patrons de PME porteurs de projets innovants l'ont montré : c'est d'abord ce problème de financement qui les préoccupe, loin devant les autres.

La BPI doit non seulement offrir une réponse, mais aussi le faire avec rapidité car la compétition économique le nécessite bien souvent. Elle doit le faire dans la durée, car le processus qui commence avec la recherche et développement et se termine par un produit sur le marché suppose de faire confiance et d'accompagner nos entreprises en refusant la tyrannie du court terme.

Je veux insister sur l'un des points clés de ce processus, qui me semble être l'une des faiblesses de notre pays ; celui du passage de la trouvaille à la mise sur le marché d'un produit. Nous savons que notre pays est connu et reconnu pour la qualité de ses chercheurs et de ses ingénieurs mais nous savons aussi que reste encore délicate l'étape où le produit de cette recherche trouve sa traduction commerciale. Certains appellent ce moment « la vallée de la mort » ; voilà qui donne une indication de son caractère particulier et de la crainte qu'il inspire.

Le rapport d'évaluation des pôles de compétitivité le souligne : « L'action des pôles en faveur des projets de R & D collaboratifs s'est portée davantage sur l'émergence et la structuration des projets que sur leur accompagnement […] et le suivi des résultats et des innovations produites […]. Les pôles parlent davantage de projets que d'innovations mises sur le marché ayant des effets sur la croissance des entreprises adhérentes […]. Les dernières étapes du cycle de l'innovation avant la mise sur le marché […] ne sont pas bien couvertes par les instruments publics de financement et insuffisamment accompagnées par les pôles. » Le diagnostic est sans appel.

En conséquence, il convient absolument de raccourcir la chaîne qui lie l'invention à son exploitation. Dans cette phase critique, l'entreprise n'est pas sûre que son produit plaira, même s'il est techniquement au point. Il faut tester le marché, modifier le produit si nécessaire, engager une politique de marketing. Trop d'entreprises ont été en difficulté, voire ont renoncé, durant cette période, et, pourtant, c'est bien là que se joue la création de richesses et d'emplois. La BPI a un rôle-clé à jouer dans la continuité de ce qu'OSÉO a développé avec le prêt pour l'innovation.

Mes chers collègues, on l'aura compris, la BPI, c'est la marque d'une majorité, qui croit à un État stratège, porteur d'une vision industrielle, défendant la transition écologique, renouant avec le temps long indispensable à un développement économique solide. La BPI, monsieur le ministre, combinée au pacte de compétitivité, c'est la marque d'un gouvernement, d'une majorité qui agissent face à la crise.

Pour toutes ces raisons, ce projet appelle non seulement notre soutien, mais aussi notre mobilisation. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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