Nous sommes au coeur d'un débat difficile – culturel, philosophique, religieux – qui commande le respect mutuel. N'oublions pas que l'objet de nos réflexions, c'est le malade en fin de vie. Si nous ne sommes pas d'accord entre nous, c'est notamment parce que vous allez beaucoup plus loin que le texte, marqué par l'équilibre, et qui prolonge la loi Leonetti sous l'impulsion, vous l'avez rappelé, du Président de la République et du Premier ministre, en reconnaissant au malade de véritables droits : une avancée significative d'un point de vue juridique. Partant de là, nous aurions pu nous réunir plutôt que nous diviser et par là diviser les Français, ce qui n'est pas souhaitable sur un tel sujet.
Il y a de quoi se montrer inquiet quand on observe ce qui se passe dans certains pays : je pense aux dérives de l'euthanasie en Belgique. En février 2014, ce pays est en effet devenu le seul au monde à autoriser l'euthanasie active sans limite d'âge, les mineurs étant donc concernés. Tous les rapports donnent un aperçu sérieux de dérives jugées inacceptables douze ans après l'entrée en vigueur de la loi sur l'euthanasie. L'euthanasie est en effet parfois pratiquée hors du cadre légal. Cette situation crée d'autres problèmes comme le développement du don d'organe chez les personnes engagées dans un processus d'euthanasie. Si l'intention est en soi louable, on peut imaginer les pressions et dérives qui peuvent résulter d'un tel cas de figure.
On peut dès lors s'interroger sur une telle évolution, voire s'y opposer. Notre vision des choses diffère. Nous devons faire en sorte que les soins palliatifs deviennent une véritable priorité en France et je ne comprends pas pourquoi, depuis tant d'années, nous ne les avons pas développés, pourquoi on ne traite pas mieux la douleur, pourquoi on n'accompagne pas mieux les malades. Cependant, vous débattez d'une autre question, celle du suicide médicalement assisté, de l'euthanasie – même si vous ne prononcez pas le mot.