Mesdames les ministres, le territoire de Mayotte rencontre de grandes difficultés en matière de santé : 80 médecins pour 100 000 habitants, 1,6 lit pour 1 000 habitants, une dépense de santé annuelle de 1 000 euros par habitant. La situation est telle que la notion même de parcours médical du patient n'a pas de sens, ou pas de réalité. D'où mes trois questions.
Premièrement, les problèmes liés au recrutement de personnel au Centre hospitalier de Mayotte sont graves et récurrents. Des mesures ont été prises, mais elles sont insuffisantes. Il faut aller plus loin. Comment ? Le personnel de santé est anormalement sollicité, au point que certains actes médicaux sont réalisés par des personnes qui ne sont pas qualifiées, ce qui peut entraîner des accidents.
Deuxièmement, la médecine libérale est déficitaire – d'environ 20 médecins et 20 officines de pharmacie – sur le territoire de Mayotte. Les professionnels réclament depuis un certain temps des mesures pour remédier à cette situation. J'en citerai trois, qui sont connues de tous : la CMU-c ou, à défaut, le décret prévu par l'article 20-11 de l'ordonnance de 1996 ; les mesures conventionnelles de l'UNCAM avec les médecins libéraux ; enfin, les dispositions fiscales. Sur ce dernier point, j'avais déjà alerté le ministre des Finances l'année dernière, mais il m'avait été répondu que nous en parlerions à l'occasion de l'actuel débat. Mesdames les ministres, il faut s'orienter vers de telles mesures si l'on veut favoriser l'installation de médecins libéraux à Mayotte.
Troisièmement, nous sommes régulièrement accusés, sur le territoire de Mayotte, de ne pas correctement soigner ou prendre en charge les personnes étrangères. À l'appui de cette accusation, qui n'est pas confirmée, il y a le fait que l'Aide médicale d'État n'est pas appliquée à Mayotte. A-t-on réfléchi à son extension ?
Pour conclure, je voudrais dire ici devant la Délégation et devant les ministres que la situation sanitaire de Mayotte est telle que des gens y meurent parce qu'ils ont été mal diagnostiqués, parce qu'ils n'ont pas été pris en charge comme il le fallait, ou parce qu'ils n'ont pas pu recevoir les soins appropriés – notamment lorsqu'il s'agit d'obtenir une évacuation sanitaire à La Réunion, ce qui n'est pas toujours facile. Il n'y a pas un seul Mahorais dont un membre de la famille ou de l'entourage ne se soit trouvé dans cette situation.