Intervention de Gabriel Serville

Réunion du 10 février 2015 à 10h30
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Monsieur le président, Mesdames les ministres, pour parler d'un sujet aussi grave que celui de la santé des hommes, peut-être aurait-il fallu s'accorder davantage de temps. Or, nous sommes obligés de traiter de questions importantes dans un temps limité, et je ne suis pas persuadé que cela facilitera la compréhension des choses.

Je voudrais dire à Mesdames les ministres que j'ai été attentif à leurs déclarations, qui renvoient parfois à des situations extrêmement compliquées mais reflètent tout à fait la réalité de nos territoires respectifs. J'aurais tendance à dire que le député de la Nation que je suis considère que c'est un bon projet. En revanche, si je me réfère à ce qui se passe en Guyane, ce texte me laisse un goût amer, et en tout cas un sentiment d'inachevé.

Nous avons évoqué un certain nombre d'indicateurs, comme l'indicateur de développement humain, le taux de grossesses précoces, la jeunesse de notre population, les taux d'addiction à la drogue et à l'alcool, ou les maladies vectorielles comme la dengue ou le chikungunya, voire le virus Ebola qui pourrait pénétrer en Guyane par le truchement des migrations africaines via le Brésil – les frontières sont très poreuses et difficiles à contrôler.

Nous avons parlé aussi de la faible attractivité du territoire, de la présence de personnes sans papiers qui doivent avoir accès à la santé comme tout habitant du territoire, du taux de suicide chez les jeunes des populations amérindiennes – que Madame la ministre des Outre-mer a récemment visitées – ainsi que de la mortalité infantile et de l'existence de déserts médicaux.

Autant de sujets passionnants, mais également très inquiétants. Une telle situation justifierait que l'on introduise dans la loi un titre spécifique à l'outre-mer ou, tout au moins, que l'on engage une vraie démarche interministérielle impliquant, notamment, tous les organismes de recherche installés sur le territoire de la Guyane. Nous avons en effet le sentiment que ces organismes ne contribuent pas à faire avancer les analyses sur les problématiques de santé que nous ne cessons de dénoncer depuis quelques années.

Dans le plan de santé de 2009, certaines dispositions particulières aux Outre-mer n'ont pas été suivies d'effets, sans doute par manque d'impulsion stratégique. Pour ma part, je pense qu'il eût été préférable de considérer que les spécificités des Outre-mer méritaient un regard particulier, en mettant effectivement en place cette impulsion stratégique qui nous aurait permis aujourd'hui de dresser un véritable bilan et de tirer les leçons de nos échecs pour pouvoir rebondir et repartir dans une autre direction.

Quoi qu'il en soit, dans les jours à venir, j'espère que vous nous prêterez une écoute attentive pour nous permettre d'introduire dans le texte un certain nombre d'éléments qui pourraient substantiellement favoriser l'accès à la santé de nos compatriotes des Outre-mer. Je vous en remercie d'avance.

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