Intervention de Philippe Baumel

Réunion du 11 février 2015 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Baumel, rapporteur :

Lors des derniers sommets de la francophonie, le Président de la République a effectivement pointé clairement un certain nombre de comportements, notamment en matière de démocratie s'agissant des velléités de modifier les constitutions pour permettre la réélection indéfinie des dirigeants. Cela explique en partie le climat peu aimable qui domine dans certains pays africains lorsque l'on y parle de la France. Dans le cas du Cameroun, s'ajoute un poids historique lié au souvenir de la décolonisation, qui a été difficile ; le personnel politique camerounais est globalement très âgé, y compris dans l'opposition, et se souvient donc de ce moment, où il a été formé. Pour les opposants, critiquer la France est aussi un moyen de s'assurer une popularité à bon compte.

Pour ce qui est du Nigéria, il faut d'abord dire que personne ne sait ce que sont devenues les lycéennes enlevées. L'espoir de leur libération est de plus en plus illusoire.

Goodluck Jonathan s'est effectivement rendu dans le Nord du Nigeria pour une réunion électorale et il a fait l'objet d'une menace d'attentat. Je ne saurais dire si elle était destinée à le dédouaner d'accusations de liens particuliers avec Boko Haram. Son inaction est cependant troublante. Il y a un abandon durable d'une partie du territoire, ce qui a facilité la propagation de Boko Haram.

L'Union africaine a décidé de porter une résolution aux Nations Unies, en demandant à la France de l'appuyer. Laurent Fabius, en réponse à une question que je lui ai posée la semaine dernière, a confirmé notre soutien. Il s'agit de favoriser l'agglomération des forces africaines et de faciliter leur mise en place rapide.

En ce qui concerne les infrastructures et notre action en faveur du développement, j'ai pu visiter un magnifique chantier à Douala, celui du pont sur le Wouri, qui est financé à 85 % par la France, pour 380 millions d'euros, selon des critères environnementaux et sociaux exigeants. Tous les éléments du pont vont être fabriqués au Cameroun, ce qui implique une réorganisation complète des filières de la métallurgie et du béton dans ce pays. J'ai été troublé de voir qu'il n'y avait pas un seul panneau indiquant l'origine des financements et la vocation de ce projet.

Les évolutions sont significatives depuis la dernière mission du mois de juin dernier. La situation économique et politique s'est considérablement dégradée et je crains que nous n'allions vers de graves difficultés si une initiative politique déterminante n'est pas engagée.

A aucun moment nous n'avons constaté de demande particulière à l'égard de l'Union européenne, même au plan financier. Les membres du gouvernement camerounais ne voient manifestement pas l'Europe comme une puissance politique active et utile.

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