Intervention de Claude Kirchner

Réunion du 13 novembre 2012 à 17h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Claude Kirchner, délégué général à la recherche et au transfert pour l'innovation à l'INRIA :

Placé sous la double tutelle des ministères de la Recherche et de l'Industrie, l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) assure, dans le domaine des sciences mathématiques et informatiques, quatre missions principales : la recherche, le transfert et l'innovation, le développement technologique et l'expérimentation, ainsi que l'enseignement et la formation.

Si ses effectifs propres se limitent à 600 chercheurs, l'Institut fédère des équipes regroupant 4 400 d'entre eux, issus des universités et du CNRS, répartis dans huit centres de recherche régionaux ; ils produisent annuellement plus de 4 500 publications scientifiques. La présence de plus de 1 200 doctorants au sein des équipes projets démontre l'importance de la formation par la recherche. Par le nombre de financements attribués par le Conseil européen de la recherche (CER, ou European Research Council), l'INRIA se place au premier rang des instituts européens en sciences du numérique.

Cette nouvelle proposition de plan stratégique, élaborée par un groupe de travail interne et intégrant les suggestions des personnels, est destinée à être présentée aux partenaires de l'INRIA et aux citoyens.

La société vit une révolution numérique extraordinaire dont les conséquences sont loin d'être comprises et maîtrisées. Dans ce cadre, il convient de faire la distinction entre, d'une part, les sciences du numérique, telles l'algorithmique, l'automatique ou la robotique, et, d'autre part, les sciences numériques (computational sciences), approche scientifique basée sur un recours massif aux modélisations informatiques et mathématiques ainsi qu'à la simulation, comme c'est le cas, par exemple, avec l'ingénierie numérique, la médecine numérique ou la biologie numérique. A cet égard, l'Institut développe les sciences du numérique mais collabore avec les autres sciences, pour leur apporter ses compétences.

Dans ce contexte, la valeur ajoutée de l'INRIA consiste à amplifier et à accélérer, dans le domaine du numérique, les impacts scientifique, technologique, économique et sociétal de la recherche académique en tirant parti de l'assemblage unique des compétences et du savoir-faire que l'institut met en oeuvre, ainsi qu'en s'appuyant sur sa notoriété internationale, pour faire jouer un effet de levier au profit des initiatives françaises.

À l'échéance 2020, à côté des défis propres aux sciences du numérique, portant sur les systèmes, les données, les interactions et usages ainsi que les modèles, les autres sciences et la société lancent à l'INRIA des défis en matière de santé, bien-être, énergie, ressources naturelles, environnement, développement durable ou encore éducation.

Les chantiers majeurs sur lesquels l'Institut s'engage mettent l'humain au coeur des problématiques du numérique à travers la santé, le bien-être et les problèmes environnementaux.

Pour calculer le futur, il faut relever les défis de la modélisation multi-échelle en intégrant les incertitudes, ceux des très grands systèmes numériques, embarqués ou enfouis, mais aussi ceux des systèmes de systèmes en prenant en compte les impératifs de fiabilité, de sûreté et de sécurité. Il convient en outre de maîtriser la complexité résultant du nombre de données ; cela passe par la transformation du déluge de données en bibliothèques de connaissances dignes de confiance, et par une cyber-communication sûre et respectueuse de la vie privée. Il s'agit, de plus, de favoriser l'interaction entre le monde réel et le monde numérique, entre les usages et les apprentissages : l'utilisateur devant être placé au départ, et non plus après coup, au centre du processus de conception des systèmes interactifs.

L'INRIA tente de déterminer une stratégie de transfert et de développement dans un système français de recherche et d'innovation en pleine mutation pour renforcer l'impact économique de la recherche. Il s'agit en priorité de privilégier les partenariats stratégiques bilatéraux avec les départements de Recherche Développement (R&D) des grands groupes industriels possédant une base de R&D française déjà existante ou en développement, de favoriser le transfert technologique à destination des petites et moyennes entreprises et des entreprises de taille intermédiaires (PMEETI) innovantes du secteur logiciel, existantes ou à créer.

Par ailleurs, l'INRIA entend se situer au premier plan de la recherche européenne et mondiale en science du numérique.

Au niveau européen, l'Institut souhaite d'une part renforcer ses collaborations scientifiques, s'ouvrir à des nouvelles opportunités de recherche et de transfert et, d'autre part, contribuer au renforcement du numérique en Europe. En priorité, l'INRIA va développer des partenariats ciblés en liaison avec ses grands partenaires académiques, et utiliser l'échelon européen pour développer ses recherches prioritaires dans le cadre du programme Horizon 2020 de l'Union européenne en s'impliquant notamment dans les programmes européens (European Research Council ; Future and Emerging Technologies) visant à faire émerger des problématiques de recherche ou des technologies de rupture. En parallèle, des actions spécifiques et ciblées seront mises en place pour structurer les relations avec les industriels majeurs des domaines d'expertise de l'INRIA en Europe, en inventant de nouvelles interactions entre acteurs, au-delà de la R&D, via la communauté de la connaissance et de l'innovation.

Pour l'INRIA, les relations internationales sont un facteur déterminant de la qualité et de la reconnaissance des avancées scientifiques.

S'agissant de son implantation en France, l'INRIA a mis au point une stratégie de déploiement territorial fondée sur ses huit centres de recherche : INRIA-Paris Rocquencourt, INRIA-Rennes Bretagne-Atlantique, INRIA-Bordeaux Sud-Ouest, INRIA-Lille Nord Europe, INRIA-Nancy Grand-Est, INRIA-Saclay Île-de-France, INRIA-Grenoble Rhône-Alpes, INRIA-Sophia-Antipolis Méditerranée. Ces centres se développent au coeur des écosystèmes régionaux, pour amplifier l'impact scientifique, économique et sociétal des sciences du numérique. Ils sont chargés de mener une politique volontariste de partenariats avec l'ensemble des acteurs territoriaux sur des thématiques de recherche ciblées et des priorités scientifiques adaptées pour chaque centre. Par exemple, le Centre Nancy-Grand-Est a pour principaux thèmes de recherche la modélisation et la simulation de systèmes complexes pour les sciences de l'ingénieur et les sciences du vivant, la sécurité et la sûreté de fonctionnement des systèmes informatiques, ainsi que la compréhension et l'émulation des mécanismes de la cognition et de la perception humaines. Le Centre Paris-Rocquencourt axe ses recherches sur les réseaux et les systèmes de communication, les logiciels fiables et la sécurité, la modélisation du vivant et de l'environnement ainsi que la simulation et l'apprentissage.

Cette politique volontariste de partenariats territoriaux est mise en oeuvre au niveau de chaque équipe projet, qui est la cellule de base de l'organisation scientifique de l'INRIA, depuis sa création. Les collaborations s'appuient sur quatre structures : les INRIA Project Labs (avec d'autres équipes académiques) ; les INRIA Joint Labs (avec les acteurs industriels, comme Alcatel Lucent ou Microsoft) ; les INRIA Innovation Labs (avec les PME, afin qu'au moins une PME soit en relation avec une équipe projet) ; et les INRIA International Labs.

En conclusion, l'INRIA structure sa stratégie pour contribuer à la recherche, l'enseignement, la compétitivité des entreprises et des start-up, en s'efforçant d'anticiper les transformations sociales françaises et mondiales.

Tous ces objectifs figurent dans un document final, dont la validation est prévue au mois de décembre 2012 et la mise en oeuvre en janvier 2013.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion