Intervention de Michel Cosnard

Réunion du 13 novembre 2012 à 17h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Michel Cosnard, président directeur général de l'INRIA :

Ces résultats peuvent paraître anecdotiques mais ils ne le sont pas du tout. Ils montrent à quel point ces méthodes sont maintenant capables de sortir des laboratoires pour être développées industriellement. Vous avez cité le cas de l'aéronautique, là c'est toute la pression de la certification aéronautique qui a poussé à l'emploi de ces méthodes. On s'aperçoit combien elles ont fait progresser le secteur. Elles jouent également un grand rôle dans le secteur bancaire avec la technologie de la carte à puce. Il a fallu six ans pour démontrer ce théorème dont personne ne pensait qu'on aurait un jour la preuve complète. Cette preuve, c'est 500 pages de démonstration, et beaucoup de temps pour construire tout un corpus scientifique nouveau. Maintenant, cela peut être réutilisé. Si l'on est capable d'accéder à un monument de la pensée mathématique, alors on peut prouver des choses plus simples. Un de nos chercheurs a publié il y a deux ans dans une revue scientifique américaine une mise en garde contre les pacemakers. Les nouvelles gammes de pacemakers peuvent être réglées à distance grâce à des dispositifs de communication. Ils embarquent une petite antenne, et c'est important pour que le médecin puisse modifier facilement des paramètres. Mais il y a là une possibilité d'intrusion. Ce chercheur a alerté sur la vulnérabilité des dispositifs de communication utilisés. L'antenne ayant une portée de plusieurs dizaines de mètres, une prise de contrôle du pacemaker pouvait permettre de tuer la personne. Des recommandations sur l'utilisation de ces dispositifs de communication sont désormais en cours d'élaboration. Ce problème de la vérification des programmes était considéré comme impossible à résoudre. Pour des cas pratiques, on sait désormais construire des méthodes de preuve. C'est l'apport fondamental du théorème de Feit et Thompson que nous avons démontré. Ce qui était du domaine du rêve il y a vingt ans devient une réalité. Ce qui est paradoxal maintenant, c'est que les failles de sécurité seront dues désormais plutôt aux utilisateurs et aux concepteurs, si les dispositifs d'encadrement ne sont pas assez exigeants. Nous plaiderons pour une plus grande exigence, qui permettra de développer tout un nouveau secteur d'activité pour le bien de nos concitoyens.

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