Malgré tout le respect que je lui porte, je ne partage absolument pas le point de vue de M. Tourret sur les questions de la place du citoyen et du référendum.
Notre société a évolué : les citoyens sont de mieux en mieux informés et, grâce à internet, ils disposent désormais de toutes les données dont ils ont besoin pour se prononcer – même s'il faut parfois qu'ils les trient. On ne peut pas aborder la question du référendum sans considérer que le citoyen est un adulte.
Monsieur Giraux, nous avons pris une bonne claque en vous écoutant, mais elle est salutaire. Vous avez eu raison de nous rappeler que nous sommes avant tout les représentants du peuple : nous l'oublions peut-être parfois parce que nos mandats durent cinq ans. Trop d'élus négligent d'aller suffisamment à la rencontre de leurs concitoyens. Peut-être réagiraient-ils parfois différemment s'ils les écoutaient.
Le feu vert donné par le Parlement, en 2008, à un texte reprenant en partie le traité établissant une Constitution pour l'Europe, que les Français avaient rejeté par référendum le 19 mai 2005, a été une véritable catastrophe. Le Parlement s'est tout simplement assis sur le choix des Français. Nous sommes là au coeur de la crise de confiance qui touche le personnel politique, car la population ne peut pas accepter le mépris manifesté par « l'élite » qui fait de tels choix.
Comment les politiques peuvent-ils retrouver la confiance de leurs concitoyens ? Le référendum est probablement l'un des passages obligés vers une solution. Dans une collectivité locale en difficulté financière, ne constitue-t-il pas, par exemple, le moyen de faire prendre aux habitants leurs responsabilités quand il faut choisir d'investir dans un équipement particulièrement onéreux ? Dans un tel cas, est-il légitime que le politique pense pour le peuple ? Lorsque le conseil régional de Lorraine organise une consultation sur la construction d'une nouvelle gare alors que la décision a déjà été prise, une telle pratique est-elle susceptible de restaurer la confiance ? Vous devinez la réponse, d'autant qu'en l'espèce la logique financière du projet était sujette à caution. Le référendum ne devrait-il pas être l'un des chemins permettant de retisser le lien entre les citoyens et les élus ?
Le 13/12/2016 à 16:11, Laïc1 a dit :
"Dans une collectivité locale en difficulté financière, ne constitue-t-il pas, par exemple, le moyen de faire prendre aux habitants leurs responsabilités quand il faut choisir d'investir dans un équipement particulièrement onéreux ?"
C'est l'évidence, et puis quel intérêt l'élu a-t-il de devoir choisir tout tout seul, et d'assumer seul les responsabilités de ses échecs si échecs il y a ? On se souvient d'un maire d'une commune moyenne du sud est qui, accablé par l'échec de sa politique financière, accablé par les prêts qu'il ne pouvait rembourser pour sa ville, avait été acculé au suicide. Si les décisions avaient été partagées par le peuple, s'il avait eu l'aval du peuple par voie de référendum, sa responsabilité aurait été moindre, et il n'aurait pas ressenti sa culpabilité au point de devoir se suicider.
Donc le référendum est là pour le bien de toutes et tous : l'échec ou la réussite sont partagés, le maire ne peut plus faire cavalier seul, et les citoyens sont enfin responsabilisés par leur sort commun. Ils réfléchissent, ils parlent, ils discutent, ils soupèsent, ils redeviennent humains, et ne sont plus les moutons machinisés que le parti radical, par exemple, veut faire d'eux.
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