Intervention de Virginie Tournay

Réunion du 30 janvier 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Virginie Tournay :

La pratique référendaire peut-elle apporter une réponse à la crise politique que nous traversons et pallier le déficit de confiance des Français à l'égard de leurs institutions ?

À l'occasion de la récente publication du baromètre annuel du CEVIPOF, Madani Cheurfa et Bruno Cautrès ont montré que plus une institution est proche des citoyens, plus elle leur inspire confiance. Ainsi, plus de 50 % des personnes interrogées déclarent avoir confiance dans leur conseil municipal, leur conseil général ou leur conseil régional. Ce lien entre confiance et proximité est tout aussi évident pour les personnalités politiques : 66 % des personnes interrogées ont confiance dans leur maire, 42 % dans leur député et 27 % seulement dans leur député européen. Dans ce contexte, pensez-vous que les pratiques référendaires soient à même de répondre à la demande sociale de proximité qui semble être au fondement de la confiance que les citoyens témoignent aux institutions ?

Cette question est du ressort de la sociologie et non de la philosophie politique, car le référendum est une façon métaphorique de s'adresser à la foule et, en quelque sorte, de la constituer. Mais, dès lors qu'il risque de soulever une émotion collective, est-il parfaitement incompatible avec la demande de proximité adressée aux institutions, la démocratie reposant sur la capacité de l'individu à décider de ce qu'il veut faire avec les autres ?

Au-delà de l'usage et du fonctionnement du référendum, il me semble que la question de son objet est décisive. Pensez-vous qu'on puisse soumettre au référendum des sujets qui sont au coeur d'une controverse scientifique ? Si les questions relatives à l'éthique peuvent, à mon sens, être posées dans ce cadre, je doute que les problèmes qui n'ont pas encore été totalement structurés par la science relèvent de la décision populaire. Ma réflexion sur la régulation des biotechnologies et les problèmes environnementaux m'amène à m'interroger sur le cas des produits de l'innovation. Ainsi, en ce qui concerne les OGM, il est très difficile de séparer l'évaluation des risques scientifiques de l'impact socio-économique.

1 commentaire :

Le 13/12/2016 à 18:40, Laïc1 a dit :

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"Pensez-vous qu'on puisse soumettre au référendum des sujets qui sont au coeur d'une controverse scientifique ?"

Les députés ne se gênent pas pour voter des lois qui sont au cœur d'une controverse scientifique. On l'a vu avec le délit d'entrave à l'IVG. Donc le député s'adjuge des prérogatives scientifiques qu'il refuse au peuple. Il faudrait alors que les scientifiques décident, ou s'ils ne parviennent pas à décider du fait de l'incertitude scientifique, que la loi attende que la science ait fait suffisamment de progrès pour exister et être décidée par voie parlementaire ou référendaire.

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