Intervention de Marie-George Buffet

Réunion du 30 janvier 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-George Buffet :

Les machines à voter, qui ont fait à une époque l'objet d'un engouement, sont encore en place dans certaines villes, notamment à Stains, dans ma circonscription. Elles permettent un dépouillement rapide. De ce fait, dès vingt heures trente, les résultats sont annoncés devant une foule clairsemée. Dans une ville où le taux de participation est déjà très bas, la disparition du dépouillement renforce l'impression, le soir d'élection, qu'on a vécu un non-événement. Quand on fait le tour des bureaux, on pourrait croire, dans certains quartiers, que le vote n'a pas eu lieu.

La démocratie participative a été une mode. Tous les candidats annonçaient leur intention d'y recourir. Certaines mairies ont embauché du personnel spécifique pour la mettre en place et la théoriser. Elle n'a intéressé qu'un public restreint, déjà investi dans le milieu associatif ou syndical, ou engagé politiquement. La vraie démocratie participative – si tant est qu'il faille ajouter un adjectif au mot démocratie – consiste à aller vers les gens, et non à leur demander de venir vers les élus.

Beaucoup d'experts s'expriment dans les médias sans qu'on sache toujours s'ils parlent au nom de leur expertise ou pour développer une pensée politique. Mais quelle est la place de la décision politique, par rapport aux experts ou à l'opinion ? La démocratie s'exerce dans les deux sens. Si l'élu doit écouter l'opinion, il doit aussi défendre devant elle ses propositions et ses projets.

1 commentaire :

Le 14/12/2016 à 09:40, Laïc1 a dit :

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"La démocratie participative a été une mode. Tous les candidats annonçaient leur intention d'y recourir. Certaines mairies ont embauché du personnel spécifique pour la mettre en place et la théoriser. Elle n'a intéressé qu'un public restreint, déjà investi dans le milieu associatif ou syndical, ou engagé politiquement."

Cette description de la démocratie participative pourrait être celle de la démocratie représentative : elle ne concerne qu'un public d'initié, elle ne touche pas du tout le grand public. Moi je suis "grand public", je n'ai jamais assisté à un conseil municipal, je ne suis pas du tout dans le monde associatif, et pourtant je suis intéressé par la chose publique. On a vraiment l'impression qu'il faut appartenir à une forme de secte, d'être "initié", comme dans une sorte de franc maçonnerie politique, d'être dans le secret, pour peser dans le vie publique. Ce n'est pas acceptable. Le grand public ne doit pas être écarté de la chose publique au profit exclusif de réseaux quasi privés, fort éloignés de la chose publique dont ils se prétendent les défenseurs ou les promoteurs.

Si les essais de démocratie participative décrits par Mme ont échoué (je ne vois d'ailleurs pas très bien ou de tels essais ont été expérimentés, puisque la loi ne permet pas encore la mise en place d'un tel système...), c'est parce qu'ils ont été pensés une fois encore sur un mode représentatif : les décisions qui doivent être décidées par les citoyens lors du référendum communal ou départemental doivent être envoyées par la poste à tous les citoyens, explicitées, détaillées, et des approches du pour et du contre doivent déjà être développées dans le courrier. Au citoyen ensuite de se déterminer en son âme et conscience, et non pas s'en remettre sempiternellement les yeux fermés et la conscience absente à l'"autorité compétente".

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