Intervention de Claude Bartolone
Réunion du 30 janvier 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions
Claude Bartolone, président :En vous entendant, je me dis que la table ronde aurait pu avoir pour thème : « Nouvelles voies d'expression, nouvelles voies de démocratie ». Je constate en effet un flottement, voire un hiatus entre expression et démocratie. Peut-être suis-je traumatisé par la libération de la parole antisémite et raciste qui se produit actuellement, mais, depuis une dizaine de jours, je n'ouvre même plus mon compte Twitter. Pour Ésope, la langue est la meilleure et la pire des choses. Sans doute faut-il approfondir son analyse. Nous avons toujours inscrit la démocratie dans la logique du forum et du débat, de la discussion et de l'expression. Peut-être doit-on insister davantage sur l'information individuelle.
Le 14/12/2016 à 09:11, Laïc1 a dit :
"Je constate en effet un flottement, voire un hiatus entre expression et démocratie."
Normalement il ne peut pas y avoir de hiatus, de contradiction, entre l'expression et la démocratie. S'il y a cette apparence de contradiction, si la parole ne s'exprime que de manière haineuse et agressive, sur des sujets tabous, c'est justement parce qu'il n'y a pas de démocratie réelle, parce que le citoyen n'est pas sollicité de manière véritable sur les problèmes qui le concernent. En fait il est muré dans son silence, car sa parole ne débouche que sur du vide. Et, las de ce silence maquillé par sa parole inutile, il se venge en substituant au discours raisonné et intelligible des flots d'injures et de paroles outrancières, témoignages de son impuissance politique, de son désarroi d'être chosifié. Il s'aperçoit en effet qu'il n'est finalement tenu en considération que s'il va dans des terrains qu'il sait par avance interdits, où il se donnera l'illusion que sa parole politique existe vraiment, car c'est dans la référence à l'origine, la race, la religion, sujets interdits par la constitution, qu'il suscite l'intérêt et la considération. Mais cela est dû uniquement à l'absence de démocratie réelle, à savoir des référendums sur des sujets variés qui mobiliseront son intelligence au détriment de ses instincts triviaux et destructifs, seuls pris en compte par le pouvoir oligarchique et répressif.
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