Intervention de Marie-Louise Antoni

Réunion du 5 février 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Marie-Louise Antoni :

Je tenais, d'abord, à vous féliciter, Messieurs les présidents, pour la façon dont vous conduisez ce groupe de travail. Il me semble que notre travail, au fil des séances, réussit à identifier des points de transformation, qui, sans faire la révolution, seraient susceptibles de faire évoluer nos institutions pour les adapter au monde qui change.

Je me sens plus légitime sur le sujet de la démocratie sociale, non que je revendique une quelconque expertise mais plutôt le fruit de quarante années d'expérience comme observatrice et actrice du dialogue social dans l'entreprise. Je précise que j'étais aux côtés de Jean Gandois au Centre national du patronat français (CNPF) lors de la naissance des 35 heures.

Je partage entièrement l'analyse de M. Cahuc.

Nous convenons tous que le chômage « à la française » est un cancer qui ronge notre société et qui est la source de nombre de nos fractures. Si, comme l'affirme le Président de la République, la lutte contre le chômage est la mère de toutes les batailles, nous nous devons d'entendre ses combattants que sont les entrepreneurs, les auto-entrepreneurs, les artisans et les commerçants, ceux à qui revient la décision d'embaucher. Or, que nous disent-ils ? Ils ne parlent pas de paritarisme ou de constitutionnalisation de la démocratie sociale ; ces gens pragmatiques demandent plus de liberté de mouvement – c'est à dessein que je n'emploie pas le terme, trop connoté, de flexibilité. Ils réclament la possibilité de contracter au sein de l'entreprise afin de concilier les intérêts divergents des parties prenantes et d'identifier les conditions essentielles de la vitalité et de la survie de l'entreprise.

Il ne s'agit pas pour autant d'instaurer la loi de la jungle. Le rôle de l'État est de définir les règles du jeu, après quoi il faut laisser la liberté aux entreprises et à ses parties prenantes. Le tissu social français produit de nombreux accords mais ces derniers sont toujours empreints d'un climat de défiance et d'insécurité.

Je vous propose de retrouver l'esprit des lois Auroux, ces lois inspirées par la « deuxième gauche », qui faisaient le pari que la démocratie sociale commence par et dans l'entreprise. Ce corpus juridique reposait ainsi sur la responsabilisation des acteurs et sur l'initiative des parties prenantes, qui représentent à la fois un risque et une formidable opportunité. C'est le voeu que je formule. J'espère vous faire partager ma conviction.

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