Intervention de Benoît Hartmann

Réunion du 5 février 2015 à 9h00
Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Benoît Hartmann :

La carte de France des projets dans lesquels s'est investie France Nature Environnement ne recense pas seulement les projets nuisibles mais également les projets utiles. Il y en a une cinquantaine sur lesquels nous avons mené une action positive en les faisant évoluer, par exemple en déportant une route hors de la zone Natura 2000 ou en déplaçant une éolienne, de façon à ce qu'elle ne soit pas à la sortie d'une grotte abritant des chiroptères. Cela prouve bien que, quand on s'en donne les moyens, la démocratie participative fonctionne et concourt à l'acceptabilité sociale des projets. Perdre du temps en amont, c'est en gagner en aval, et le temps en aval coûte cher car il s'agit de contentieux. Reste que notre capacité à agir demeure limitée. Nous ne pouvons que très exceptionnellement déposer des recours, à cause du coût financier et de l'investissement humain que cela nécessite. Il nous faut donc faire des choix et renoncer à des combats que nous n'avons pas les moyens de mener et que personne d'autre ne mènera à notre place.

Nous souffrons par ailleurs d'un problème d'image : bien que nous soyons des écologistes de la société civile, certains nous assimilent à un parti politique, ce qui brouille notre message.

Quant à la professionnalisation, elle est nécessaire. Une expertise scientifique est indispensable pour éclairer la décision, et notre rôle est d'aider le citoyen à se forger sa propre opinion.

Enfin, nous considérons qu'à Sivens la démocratie n'a pas fonctionné. Parce que nous sommes des républicains forcenés, nous serions les premiers à admettre une décision éclairée, prise démocratiquement, quand bien même elle irait à l'encontre de notre opinion. Mais il n'y a pas eu de dialogue à Sivens, malgré la grève de la faim entreprise en pure perte par certains militants pour être entendus. Les opposants au barrage ne se sont pas opposés à une décision démocratique, ils ont contesté une décision qui, précisément, ne respectait pas les conditions de la démocratie et avait été prise en dépit de l'avis réputé défavorable du commissaire-enquêteur, de l'avis négatif de l'ONEMA et de deux avis négatifs du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN).

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